La Belgique doit réduire le « plan de transport le plus ambitieux de tous les temps ».

L’opérateur ferroviaire belge SNCB a été contraint de revoir à la baisse et de retarder ses ambitieux projets de développement du réseau ferroviaire du pays, un an seulement après les avoir annoncés, apparemment en raison d’un manque « important » de personnel. Voici ce que la société, qui a obtenu un financement important de la part du gouvernement belge l’année dernière, va proposer à la place. Les trains de nuit ne sont pas en bonne voie.
La SNCB a annoncé la semaine dernière qu’elle allait devoir repousser ce qu’elle a appelé le « plan de transport le plus ambitieux de l’histoire de la Belgique » pour développer le réseau ferroviaire du pays. L’annonce a été faite à la suite d’une réunion du conseil d’administration de la société, qui a officialisé la décision de réduire l’expansion du réseau et de reporter la majorité des projets prévus cette année. Selon des documents consultés par De Standaard, il s’agit de 13 des 15 projets que la SNCB souhaitait lancer à la fin de l’année.
La SNCB n’a pas précisé quand les projets seraient finalement retirés de la liste des priorités, mais elle a indiqué qu’ils seraient « intégrés dans les futurs plans de transport à partir de décembre 2025 ». Toutefois, le retard devrait être d’au moins six mois, car les modifications majeures de l’horaire ne sont autorisées que deux fois par an, en juin et en décembre.
L’année dernière, la société a annoncé son intention d’augmenter le nombre de kilomètres parcourus par les trains en Belgique de 7,4 % sur une période de trois ans, qualifiant cette initiative de « plan de transport le plus ambitieux jamais réalisé ». Cependant, vendredi, elle a annoncé qu’elle réduirait son objectif de croissance pour 2023 à 2026 de 7 à 5 pour cent.
« Cet ajustement réaliste du Plan de transport tient compte à la fois du personnel disponible et de la capacité limitée de l’infrastructure à certains endroits du réseau Infrabel », a déclaré la SNCB dans un communiqué.
La SNCB fait marche arrière
L’intention était de déployer le plan de transport en quatre phases : la première phase, introduite en décembre 2023, une deuxième pour décembre de cette année, une troisième en juin 2025 et une quatrième en décembre 2025. C’est la deuxième phase qui a été reportée. Cette partie du plan était axée sur l’augmentation du nombre de trains le soir et le week-end à partir de décembre.
Selon une note interne de la SNCB dont la VRT a eu connaissance, le doublement de la fréquence du train IC Charleroi-Bruxelles et du train IC Liège-Louvain-Bruxelles le week-end sera retardé. C’est également le cas des projets visant à augmenter le nombre de trains S3 entre Bruxelles et Termonde les samedis et dimanches.
La note indique également que le train IC entre Anvers et Hasselt ne passera plus par Aarschot le week-end, comme cela avait été prévu. Quant au train S4 entre Alost et Bruxelles Luxembourg, il devra attendre avant de circuler le week-end. Enfin, l’extension des trains de fin de soirée le vendredi sera également retardée. Il est prévu d’ajouter 16 trains sur le réseau urbain de Bruxelles et neuf à Anvers. La mise en place de 15 autres trains de fin de soirée le samedi à Bruxelles sera également reportée.
Avec autant de moyens…
Le ministre belge sortant de la Mobilité, Georges Gilkinet, a déclaré au Brussels Times qu’il n’était pas satisfait de cette décision et qu’il avait demandé à la SNCB de l’annuler. « Jamais auparavant la société ferroviaire n’avait bénéficié d’autant de moyens et de perspectives claires, avec un rôle aussi central dans nos transports », a-t-il déclaré.
« C’est maintenant à la SNCB de jouer son rôle, de saisir cette opportunité et de s’organiser pour atteindre les objectifs, pour la première fois depuis une décennie », a ajouté M. Gilkinet. « S’ils ne le font pas, le risque est que nos ambitions soient revues à la baisse et que les contrats que nous avons signés soient remis en cause par le futur gouvernement, dont les projets de démantèlement des chemins de fer sont déjà clairs. Ce serait dramatique pour l’entreprise, l’ensemble des salariés et les voyageurs ».
Que propose donc la Belgique ?
La réorganisation ferroviaire de la SNCB va tout de même connaître des avancées significatives cette année. Le nouvel horaire 2025 entrera en vigueur le 15 décembre 2024. Il prévoit une augmentation de près de 2 % de l’extension du réseau, en plus des 1 % réalisés en 2024. L’année prochaine – sans que l’on sache exactement quand – verra également la remise en service de 220 trains qui avaient été temporairement retirés de la circulation depuis 2022, en raison d’un « manque important de personnel » à la suite de la crise du COVID-19.
La société a déclaré qu’il s’agissait de la première étape pour atteindre une croissance de 10 % d’ici 2032, comme indiqué dans le contrat de service public que la SNCB a signé avec le gouvernement belge en 2023. Bien qu’une partie du calendrier reste incertaine, voici ce que la SNCB a annoncé pour 2025 :
- Un deuxième S-train par heure aux heures de pointe entre Anvers et Herentals, et plusieurs P-trains autour de Gand, Grammont et Courtrai.
- Autour d’Anvers, le train de banlieue S entre Puurs, Anvers et Essen circulera pour la première fois deux fois par heure le samedi.
- À partir de juin 2025, le S81 entre Schaerbeek, Bruxelles-Schuman, Ottignies et Louvain-la-Neuve circulera toute la journée en semaine, et non plus seulement aux heures de pointe. Cela impliquera un troisième train S par heure entre Ottignies et Bruxelles.
- La liaison en S Gand – Lokeren – Audenarde – Ronse circulera toutes les heures à partir de décembre grâce à l’ajout de trois trains.
- Entre Anvers et Bruxelles, il y aura quatre trains IC par heure au lieu de cinq à partir de décembre. La liaison IC a perdu ses créneaux au profit d’Eurostar en raison de limitations de capacité.
- Suite à une étude de faisabilité d’Infrabel, l’itinéraire de certains trains IC et S a été modifié. Les trains IC entre Liège-Guillemins, Ans, Waremme et Bruxelles suivront un itinéraire différent et s’arrêteront à l’aéroport de Bruxelles. Ces gares disposent désormais d’une liaison ferroviaire directe avec l’aéroport de Zaventem. Cependant, le temps de trajet entre Waremme et Bruxelles avec le train IC augmentera de 13 minutes.
- Le trajet entre Bruxelles et Amsterdam sera également plus rapide avec Eurocity Direct. En collaboration avec la NS des Pays-Bas, la SNCB déploiera une nouvelle liaison ferroviaire internationale à grande vitesse entre Bruxelles-Sud et Amsterdam-Zuid à partir de décembre 2024, 16 fois par jour (aller-retour). Cela signifie que le nombre de trains à destination et en provenance des Pays-Bas sera doublé.
- Une nouvelle liaison ferroviaire entre Bruxelles et Paris via Mons sera également mise en place à partir de décembre 2024.
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