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La liaison Bruxelles-Paris fête ses 175 ans

SNCF Archives via twitter : https://twitter.com/memoire2cite/status/1318127424945770497?lang=fr

La liaison Paris-Bruxelles est l’une des plus achalandées et une des plus anciennes d’Europe au niveau international. Elle a connu les meilleurs trains express du Continent avant d’être configurée à la grande vitesse.

Construites par tronçons nationaux, les lignes belges et françaises furent connectées le 14 juin 1846, permettant de joindre les deux capitales. Dès septembre, la relation vers Paris se fit en une seule journée mais avec plus d’une quinzaine d’arrêts. La ligne serpentait de ville en ville via Douai, Valenciennes, Quiévrain et Mons, avec un arrêt pour les contrôles douaniers et le changement de locomotive à la frontière. Deux trains quotidiens, dont un de nuit, abattaient respectivement les 370 kilomètres en… 12 heures et demi et 14 heures de voyage. Il était déjà possible de rejoindre Cologne, moyennant 12 heures de plus, soit 24 heures de voyage depuis Paris. C’est ce que nous fêtons ce 1er septembre.

Les progrès techniques de la locomotive à vapeur furent suffisamment fulgurants pour qu’à la fin du XIXe siècle, le trajet descendit à 4 h 46 entre les deux capitales. En 1927, la relation Bruxelles – Paris est parcourue par le train de luxe Pullman l’Etoile du Nord de la Compagnie Internationale des Wagons-Lits, qui fait le trajet en 3 h 30. En 1936, l’Oiseau Bleu ramena le temps de trajet à 3 heures.

Les Trente glorieuses

Les fameux Trans Europ Express (TEE) apparaissent en mai 1957 avec la mise en service de trois liaisons rapides assurées par des rames automotrices diesel de 1ère classe dénommées Ile de France, Etoile du Nord ou Oiseau bleu. Il n’y a cette fois plus de trains à vapeur mais ce ne sont pas encore des trains à traction électrique.

Le 9 septembre 1963, la liaison entière est établie sous caténaires 25 kv alternatif en France et 3 kv continu en Belgique. L’électrification de la ligne permet de remplacer les autorails diesels par des rames tractées par des locomotives polytensions. À l’été 1964, un nouveau TEE sans arrêt entre Paris et Bruxelles était créé sous le nom de baptême Brabant. Jusqu’à six paires de TEE relieront Bruxelles à Paris, deux d’entre eux étant amorcés/destinés à Amsterdam. À ce trafic s’ajoutaient encore 6 à 7 paires de trains express à deux classes. Le trajet s’effectuait entre 2h40 et 3h selon les trains et les arrêts intermédiaires.

La grande vitesse

L’élan donné par le premier TGV en France, dont on fête les quarante ans cette année, redonna de l’espoir à un chemin de fer international fortement concurrencé par l’avion et la route. Dans les années 80, un programme de train à grande vitesse appelé TGV-Nord Européen fut mis patiemment en route entre la France, le Benelux et l’Allemagne, auquel s’ajouta le lien transmanche vers Londres. Ce projet déboucha sur la mise en service d’une ligne TGV Paris-Lille-Calais en 1993, puis d’une branche vers Bruxelles inaugurée en décembre 1997. À cette date, le TGV baptisé « Thalys », abattait le parcours Paris-Bruxelles en 1h30, soit trois fois moins que cent ans plus tôt…

Aujourd’hui

C’est toujours la société Thalys, entreprise désormais indépendante mais détenue à 60% par la SNCF et 40% par la SNCB, qui opère les TGV entre Paris et Bruxelles. Jusqu’au début 2020, Thalys offrait plus d’une vingtaine d’allers-retours, avec un trafic oscillant autour des 5 millions de voyageurs sur le seul axe Paris-Bruxelles (sur un total de 7,5 millions de voyageurs). Soit deux fois plus qu’avant 1996. La pandémie de 2020 est venue troubler le bel élan du TGV-Nord européen. Le trafic a fondu jusqu’à ne nécessiter que quatre allers-retours certains mois de 2020 et 2021. Mais Thalys compte remettre du trafic dès le mois de septembre, malgré des conditions encore loin d’être optimales.

Auteur: Frédéric de Kemmeter