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La guerre en Ukraine modifie l’itinéraire Chine-Europe

L’invasion de l’Ukraine et les sanctions économiques de l’Europe envers la Russie obligent dorénavant à trouver une autre itinéraire ferroviaire en provenance de Chine

La Russie étant désormais sous sanctions et ses ports étant inaccessibles, la principale route ferroviaire reliant la Chine à l’Union européenne s’est déplacée vers le sud vers la route multimodale fournie par la mer Caspienne.

Si le trajet en Chine et au Kazakhstan reste inchangé (via le point intermodal de Khorgos), il diffère par la suite en se dirigeant vers le port d’Aqtau sur la mer Caspienne. Contrairement à la route nord en Russie, les trains doivent alors être déchargés et les conteneurs placés sur un navire jusqu’au port de Bakou en Azerbaïdjan, où ils sont rechargés sur un autre train pour ensuite rejoindre les réseaux ferroviaires vers la Turquie et la mer Noire.

La traversée de l’Azerbaïdjan se heurte cependant avec un autre conflit territorial avec l’Arménie. Une fois arrivés en Turquie, les trains peuvent alors directement rejoindre l’Europe par le tunnel du Bosphore, puis la Bulgarie et la Roumanie.

Cet itinéraire, comme on le voit ci-dessous, permet d’éviter entièrement le conflit en Ukraine ainsi que le territoire russe et biélorusse.

Silk-roadUn itinéraire plus au sud et qui doit emprunter des ferries en mer Caspienne.

Cet itinéraire n’est cependant pas une invention d’il y a quelques semaines. Il est devenu une réalité depuis quelques années. En juillet 2020, douze jours furent nécessaires pour faire le trajet complet depuis la frontière sino-kazakhe de Khorgos et la gare turque Kosekoy d’Izmit, non loin d’Istanbul.

La route nord condamnée ?

Même si la guerre se termine bientôt, ni la Chine ni l’Ukraine ne seront intéressées à poursuivre les projets de la nouvelle route de la soie en Ukraine, ont déclaré des analystes au site world-today-news.com.

« Les projets de la nouvelle route de la soie en Ukraine sont fondamentalement hors jeu », a déclaré Jacob Mardell, qui travaille sur les infrastructures mondiales et la politique étrangère chinoise à l’Institut allemand d’études chinoises MERICS.

Les observateurs notent cependant que le corridor ferroviaire à travers la Turquie a une capacité limitée par rapport au corridor à travers la Russie. La voie maritime obligatoire en mer Caspienne prend plus de temps et coûte plus cher.

Le 13 avril dernier, une liaison par trains de conteneurs était lancée entre le port sec international de Xi’an en Chine et Mannheim en Allemagne. Mais plutôt que de passer par la Turquie, les conteneurs passaient par le port géorgien de Poti. Depuis le port géorgien de la mer Noire, le fret traversait cette fois la mer Noire jusqu’au port de Constanta, puis poursuivait sa route via la Roumanie, la Hongrie, la Slovaquie et la République tchèque.

Vers une nouvelle géopolitique ?

Ces différents itinéraires montrent à quel point se trouver sur la bonne route est tellement important pour un pays. L’itinéraire « sud » est aussi très politique, puisque l’on peut choisir entre la Turquie ou la Géorgie.

Les trois Républiques trentenaires – Géorgie, Arménie, Azerbaïdjan -, sont traditionnellement associées à l’interconnexion commerciale entre les pays riverains de la mer Baltique et ceux de le mer Noire, à travers le bassin du fleuve Danube.

La Turquie, comme on le sait, entretien des relations binaires avec l’Europe, mais ce grand pays veut aussi se faire une place dans le transit Asie-Europe.

Cette nouvelle route entre la Chine, l’Azerbaïdjan, le Caucase et la mer Noire est plus complexe mais répond actuellement à la situation géopolitique dramatique que nous connaissons tous.

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Auteur: Frédéric de Kemmeter