Fin d’une époque, le train Aberdeen – Penzance n’existe plus

Le plus long trajet direct en train de passagers du Royaume-Uni – le service CrossCountry Trains d’Aberdeen à Penzance – a effectué son dernier trajet. Après un siècle d’exploitation, le service a pris fin vendredi dernier. Cette odyssée de 13 heures, qui traverse toute la Grande-Bretagne, relie le nord-est de l’Écosse à l’extrême sud-ouest de l’Angleterre, couvrant plus de 780 miles et s’arrêtant dans une quarantaine de gares (nous avons perdu le compte, pour être honnêtes).
Bien qu’impressionnante par son étendue géographique, cette route est depuis longtemps réputée pour son inconfort, tant par les amateurs de chemin de fer que par les voyageurs réguliers. Exploités par des trains à unités multiples diesel de classe 220 Voyager, les cinq wagons n’ont jamais été conçus pour un tel marathon, surtout pas pour desservir cinq des dix villes les plus peuplées de Grande-Bretagne : Birmingham, Manchester, Leeds, Sheffield et Bristol.
Un voyage pour les convaincus – ou les curieux
Malgré (ou peut-être à cause de) son caractère éprouvant, le service est devenu un rite de passage pour les blogueurs ferroviaires et les influenceurs des médias sociaux, dont beaucoup ont documenté le voyage en détail. Les plaintes abondent – sur l’exiguïté des locaux, le manque de restauration, les vibrations bruyantes du moteur et l’espace limité pour les bagages – mais l’absurdité même du voyage lui a conféré un statut de culte. La Tay, la Forth, la Royal Border, la Tyne High Level et la Royal Albert – le voyage traverse certains des ponts les plus emblématiques de Grande-Bretagne, tout en visitant certains des sites les plus connus du pays, comme la flèche tordue de la cathédrale de York Chesterfield et les vagues déferlantes de la digue de Dawlish.

Y a-t-il une raison de voyager d’Aberdeen à Penzance ? Aberdeen, point de départ du service, est une capitale pétrolière dotée d’un riche patrimoine maritime et d’un secteur technologique en plein essor. Penzance, nichée à l’extrémité des Cornouailles, offre une vue sur la mer, un climat doux et une porte d’entrée vers certaines des communautés les plus isolées de Grande-Bretagne. En fait, ces descriptions de voyage sont largement interchangeables. Le voyage a permis de relier deux coins très différents du pays, et ce avec un matériel roulant mieux adapté aux déplacements régionaux qu’aux tests d’endurance interurbains.
Un héritage encombré – et une crise plus large
Ce service symbolise depuis longtemps le dilemme auquel CrossCountry Trains est confronté : trop peu de trains, trop peu de voitures, trop de passagers. Introduite au début des années 2000, la flotte Voyager était censée révolutionner les voyages interurbains régionaux. Au lieu de cela, les contraintes de capacité, la fiabilité inégale et la demande croissante ont mis en évidence les limites du modèle de fourniture de services ferroviaires basé sur les franchises.

Nombreux sont ceux qui se sont demandés pourquoi une ligne aussi importante et aussi fréquentée n’a jamais bénéficié de trains plus longs ou d’un matériel roulant alternatif mieux adapté aux voyages long-courriers. Son dernier service – où il n’y avait apparemment que des places debout sur plusieurs tronçons – était un rappel approprié, bien qu’inconfortable, des pressions auxquelles est confronté le réseau ferroviaire fragmenté de la Grande-Bretagne.
Nationalisation à l’horizon
Fini le marathon de treize heures, l’épopée touche à sa fin. Alors que le gouvernement britannique s’apprête à placer les services ferroviaires sous contrôle public par l’intermédiaire du nouvel organisme Great British Railways, l’espoir grandit de voir enfin résolus des problèmes de longue date tels que ceux rencontrés par CrossCountry. Reste à savoir si cela signifie plus de wagons, un nouveau matériel roulant ou une refonte totale du réseau interurbain.

Pour l’instant, la fin du service Aberdeen-Penzance marque la fin d’un chapitre curieux et emblématique de l’histoire ferroviaire britannique, qui a suscité fascination, frustration et lassitude à parts égales. Ce service a été mis en place pour la première fois en 1921, avant la fusion des chemins de fer britanniques en quatre grandes compagnies (il a emprunté les rails de ces quatre compagnies).
Il a survécu à une guerre mondiale, à une nationalisation, à une privatisation et a failli faire l’objet d’une seconde nationalisation. Bien que l’anomalie soit que le service soit à sens unique (vers le sud), il a été l’un des trains les plus populaires de Grande-Bretagne (au moins en termes de fréquentation). Le service survivra en partie, puisqu’il n’atteindra Plymouth qu’à partir du nouvel horaire, soit à peine 700 miles (1120 km). Une bonne nouvelle pour VisitPlymouth.
Quant à la popularité du train, elle s’est affaiblie. Le dernier service du vendredi matin, qui a quitté Aberdeen à 8 h 20, heure locale, était seulement « à guichets fermés ». Les voyageurs n’étaient pas encouragés à rester debout.
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