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Le train Helsinki-Saint Pétersbourg ne roulera plus vers la Russie

Conséquence de la guerre en Ukraine et des sactions occidentales, les chemins de fer finlandais arrêtent la liaison Helsinki-Saint Pétersbourg

C’est une liaison peu connue. Depuis 2010, les trains nommés Allegro et qualifiés de « grande vitesse » assuraient des liaisons régulières à une vitesse maximale de 220 km/h entre Saint-Petersbourg et Helsinki. Les rames sont du type Pendolino et sont basées sur l’ERT460 italien, dont Alstom a repris la conception.

Le réseau ferré finlandais dispose pratiquement du même écartement que le russe, soit 1.520mm en Russie et 1.524mm en Finlande. Cela a toujours rendu aisées les connexions ferroviaires entre la Russie et la Finlande.

L’opérateur public finlandais VR (Valtionrautateistä) avait largement modernisé le service des trains entre Helsinki et St Petersbourg, en lançant quatre allers-retours par jour couverts en 3h27 grâce aux rames Pendolino.

Un succès

En 2019, les Allegro avaient transporté 600.000 passagers, en augmentation par rapport aux années précédentes. Ces trains s’arrêtaient aussi à Pasila, Tikkurila, Lahti, Kouvola, Vainikkala et Viipuri (Vyborg), améliorant ainsi l’accessibilité pour les résidents le long de la Baltique. Les contrôles douaniers et des passeports étaient effectués à bord, dans une voiture dédiée.

Avec ce service, il était possible de rejoindre de jour Helsinki à Moscou, moyennant deux hiatus : les trains Allegro arrivaient en gare de St Petersbourg Finlandski, tandis que les trains Sapsan russes vers Moscou partent de la gare de St Peterbourg Moskovsky. Deux gares, un transbordement, la méthode parisienne ou londonienne. Et il fallait encore que les horaires correspondent avec un battement d’une à deux heures entre les deux. Mais la possibilité existait.

Une ligne à grande vitesse était projetée en Russie entre Moscou et St Petersbourg, mais rien de concret n’avait abouti jusqu’ici. Un autre projet de ligne rapide était aussi évoqué en Finlande, entre Helsinki et Kouvola, dans le cadre d’un projet purement finlandais.

Géopolitique

Les projets russes ont dorénavant peu de chance de voir le jour. À la suite de l’invasion russe de l’Ukraine le 24 février 2022, la donne a complètement changé.

L’UE avait rapidement fermé l’espace aérien aux avions russes. En conséquence, les trains Allegro devinrent l’une des dernières liaisons de transport public entre la Russie et l’UE. 

Rapidement, l’opérateur finlandais VR constata que les trains dans le sens Helsinki-Saint-Pétersbourg roulaient presque à vide. À l’inverse, ils étaient complets en direction de la Finlande, avec de nombreux russes se précipitant pour quitter leur propre pays.

VR, l’opérateur finlandais, précisait dans la presse nationale qu’il avait maintenu les trains en service au cours des dernières semaines à la demande des autorités, qui voulaient s’assurer que les Finlandais se trouvant en Russie puissent rentrer chez eux. La compagnie avait annoncé début mars vouloir même renforcer son offre de services sur la liaison Helsinki-Saint-Pétersbourg en raison de l’explosion de la demande due au fait que de plus en plus de Russes souhaitaient quitter leur pays.

Le dernier train à destination de la Finlande devait partir dimanche 27 mars, précisait VR, soulignant que ceux qui souhaitaient quitter la Russie pour le pays des Mille Lacs avaient eu le temps de le faire.

Avec l’arrêt de cette liaison, les accès terrestres entre la Russie et le Continent européen se restreignent de plus en plus, tout particulièrement au niveau ferroviaire.

Auteur: Frédéric de Kemmeter