Arriva à Liège ? Pas avant 2024

Photo : Frédéric de Kemmeter

En 2018, Arriva NL, un opérateur privé du Limbourg néerlandais, espèrerait commencer un service de trains dans le triangle dit « des trois pays », à savoir Liège – Maastricht – Aix-la-Chapelle. Mais il n’y eut rien du côté belge.

L’annonce était alors quelque peu surprenante. D’après Treinreizigers.nl, l’opérateur Arriva (une filiale de la Deutsche Bahn), pensait faire arriver ses trains dans la magnifique gare de Liège-Guillemins, à ses propres risques, donc en open-access.

Rappelons qu’Arriva a obtenu la concession du transport public de la province du Limbourg néerlandais (Maastricht), puisque dans ce pays, un certain nombre de lignes est soumis non plus au monopole mais à l’appel d’offre depuis déjà les années 2000. La législation sur la libéralisation du rail, plus favorable aux Pays-Bas et en Allemagne, permet en effet ce type de création alors qu’en Belgique la politique ferroviaire relève strictement de l’échelon national.

Le projet de Arriva Personenvervoer Nederland était – et reste -, d’opérer des trains régionaux entre Aix-la-Chapelle, Maastricht et Liège. Le but de ce trafic Eurorégio est de créer un flux local et régional entre les trois villes universitaires de Liège, Maastricht et Aix-la-Chapelle, et d’accélérer le transfert modal vers le rail, tout particulièrement à l’égard de la population estudiantine, mais pas que.

Quand une seule autorité prend l’initiative, c’est évidemment plus facile de créer un service transfrontalier Maastricht-Aix-la-Chapelle. Dès janvier 2019, les trains roulaient entre les deux villes à la cadence horaire, mais la Wallonie était hors jeu.

Un problème de matériel roulant

Arriva NL utilise l’excellent matériel roulant du constructeur suisse Stadler, lequel est bien homologué aux Pays-Bas et en Allemagne, mais pas en Belgique.

Infrabel, de son côté, exige que les rames soient équipées du système de sécurité ETCS, que les hollandais et allemands n’exigent pas encore sur leur réseaux respectifs. Il faut rappeler qu’Infrabel devient l’un des meilleurs élèves de l’Europe en matière d’implantation de l’ETCS, avec un programme très serré.

Arriva doit donc impérativement équiper ses rames de l’ETCS avant d’avoir l’espoir de les homologuer en Belgique et de pouvoir atteindre Liège.

Or pour l’horaire 2024, il faut non seulement répondre à ces aspects techniques mais aussi présenter un horaire au plus tard pour fin mars 2023, soit moins d’un an pour tout boucler.

Le train des trois pays

Ce projet de train régional transfrontière s’inscrit dans le concept plus global de l’Euregio Meuse-Rhin, une structure créée en 1976 et qui serait l’une des plus anciennes coopérations transfrontalières.

L’option néerlandaise s’inscrit dans la droite ligne de la culture politique du Nord de l’Europe, où il est d’usage que le service public soit susceptible d’être opérer par n’importe quel opérateur, et non pas une entreprise historique en monopole. Une option qui, en coulisses côté belge, ne fait l’objet d’aucun soutien officiel, alors que la SNCB reçoit une concession de 10 ans (2023-2033) sur la totalité du trafic voyageur intérieur.

Entre Maastricht et Aix-la-Chapelle, les choses bougent même au niveau de la billetterie. Le 21 avril dernier, la billetterie easyConnect était présentée à Aix-la-Chapelle. Désormais, on pourra dès l’été voyager pour 3 euros avec Maastricht. D’ici 2023, le projet devrait même permettre des trajets par check-in / check-out, c’est à dire que le montant serait déduit directement sur votre smartphone.

Il faudra voir si un tel principe sera possible en Belgique…

Auteur: Frédéric de Kemmeter