Non, la HS2 n’a pas atteint les 100 milliards de livres sterling, mais elle n’en est pas loin.

La HS2 a-t-elle franchi la barre des 100 milliards de livres sterling ? C’est ce qui a été annoncé sur les réseaux sociaux. Toutefois, au grand soulagement de la compagnie ferroviaire à grande vitesse et du gouvernement britannique, ce chiffre semble gonflé, du moins pour l’instant. Si le tronçon où la liaison avec Manchester a été annulée est encore estimé à près de ce chiffre, l’actuel tronçon d’une navette entre Londres et Birmingham est apparemment beaucoup moins coûteux.
Le coût du projet britannique de train à grande vitesse – HS2 – continue d’être un sujet d’embarras national. Cependant, la facture de la ligne Londres-Birmingham, la seule partie restante du réseau, n’a pas encore atteint les douze chiffres. Malgré les gros titres des journaux et les spéculations à ce sujet, la ligne n’a dépensé qu’un peu plus d’un quart de cette somme. Il reste encore quelques factures à régler, ce qui a incité le gouvernement britannique à repenser totalement la tarification. Cette remise en question n’a pas permis de mettre fin à un rapport critique des différents partis.
Un cycle d’échecs répétés
Le récent rapport de la commission des comptes publics du Parlement britannique est cinglant. Et il n’a pas modéré le langage de la désapprobation. « Le programme High Speed Two (HS2) est devenu un cas d’école sur la façon de ne pas gérer un grand projet », a déclaré la commission. « Il est inacceptable que plus d’une décennie après le début du programme, nous ne sachions toujours pas ce qu’il coûtera, quelle sera sa portée finale, quand il sera finalement achevé ou quels avantages il apportera. Il reste à voir si la réinitialisation fondamentale du programme sera plus fructueuse que les tentatives précédentes du ministère des transports et de High Speed Two Limited pour sortir d’un cycle d’échecs répétés ».
Il s’agit là d’une condamnation sans appel de la part d’une commission chargée d’examiner les comptes financiers, d’évaluer le rapport qualité-prix, les contributions à l’économie, l’efficience et l’efficacité. Cette commission multipartite compte seize membres, dont James Murray, député travailliste de gauche représentant Ealing North, l’arrondissement londonien où HS2 s’arrêtera (à Old Oak Common) jusqu’à ce que le hiatus concernant la conception et le financement d’Euston soit résolu.
Un désaccord embarrassant et persistant
Le ministère des transports et HS2 Ltd n’ont pas réussi à collaborer efficacement, indique la commission dans son rapport. Elle souligne le désaccord embarrassant et persistant sur le coût de la phase 1 – le tronçon entre le terminal de Curzon Street à Birmingham et Old Oak Common – Euston n’étant qu’une lointaine chimère.
« La fourchette estimée par le ministère en novembre 2023 est de 45 à 54 milliards de livres sterling (53 à 64 milliards d’euros), contre 54 à 66 milliards de livres sterling (64 à 78 milliards d’euros) selon la dernière estimation de HS2 Ltd en juin 2024. Si les estimations concurrentes des coûts sont toujours exprimées en prix de 2019, une fois corrigées de l’inflation, le coût total du programme pourrait avoisiner les 80 milliards de livres sterling [94 milliards d’euros] ».

Cependant, l’organisme indépendant de surveillance des médias et de la presse, Full Fact, limite les dépenses à 471 millions de livres sterling par kilomètre de voie ferrée (dont aucune n’a encore été posée). Cela représente 344 millions d’euros par kilomètre pour les 140 miles (224 km) du tracé. Ils affirment que les récentes publications sur les réseaux sociaux sont exagérées. « Les dépenses ont atteint environ 27 milliards de livres [32 milliards d’euros] et l’estimation actuelle de 66 milliards de livres (78 milliards d’euros) pour le coût total de la HS2 signifie qu’elle pourrait coûter environ 471 millions de livres par kilomètre de voie.
L’inflation a encore du temps devant elle
Ce que personne ne conteste, c’est la réduction brutale des plans initiaux. De manière réaliste, il s’agissait d’une ligne ferroviaire super rapide partant de Londres pour rejoindre Birmingham, puis Manchester, avec un itinéraire séparé vers les East Midlands (Nottingham et Derby), puis vers Sheffield et Leeds, avec des connexions directes avec les lignes principales de la côte Est et de la côte Ouest. Aujourd’hui, HS2 est une navette encore en construction entre une banlieue de l’ouest de Londres et le centre-ville de Birmingham.
Full Fact indique qu’en novembre 2023, un total de 27 milliards de livres sterling, soit 32 milliards d’euros (aux prix de 2019), aura été dépensé pour le projet. La construction est en cours sur 350 sites entre Londres et les West Midlands. Citant des sources du gouvernement et des entreprises de construction, Full Fact indique que les travaux comprennent les deux tiers des viaducs prévus pour porter la HS2, la moitié des ponts nécessaires, et qu’un tiers du creusement des tunnels est déjà achevé.
Toutefois, même si le chiffre « tragiquement magique » de cent milliards n’a pas encore été dépensé, le projet a encore au moins une décennie de travail devant lui. La plupart des sources ne s’attendent pas à ce que des trains circulent avant 2035 au plus tôt. Contrairement à l’opinion de la commission des comptes publics sur le projet, les coûts de construction ne font qu’augmenter. Même si les dépenses sont repensées, les dix années qui s’écoulent avant la présentation de la facture finale laissent une grande marge de manœuvre pour gonfler les coûts.