La SNCF à la croisée des chemins

Deux mois pour agir : Le patron de la SNCF demande une aide immédiate d’un milliard d’euros pour éviter un effondrement « irréversible » à l’allemande

The outgoing president of SNCF has sounded the alarm bells.
The outgoing president of SNCF has sounded the alarm bells.

« Concrètement, nous avons deux mois pour trouver une solution ». Tel est le message de Jean-Pierre Farandou, le président de la SNCF, qui prévient que la compagnie ferroviaire française, soutenue par l’État, doit trouver un milliard d’euros supplémentaires par an pour les infrastructures, faute de quoi elle s’exposera à une grave défaillance à l’allemande : « Si nous ne prenons pas de décision maintenant, ce sera irréversible ».

La France doit trouver un milliard d’euros supplémentaires par an pour l’infrastructure ferroviaire à partir de 2028, a déclaré le président sortant de la SNCF dans une interview sans concession à Hourrail, sous peine de déclencher ce qu’il a appelé une « spirale de dégradation » affectant des milliers de kilomètres de voies et des milliers de services quotidiens. « C’est une question de survie pour le service ferroviaire et pour les territoires qui en dépendent », a-t-il déclaré.

Les commentaires de Jean-Pierre Farandou, qui devrait quitter ses fonctions cette année, reflètent étroitement un rapport interne de la SNCF divulgué en mai, qui estimait que 4 000 kilomètres du réseau principal de 17 000 kilomètres pourraient voir la qualité du service s’effondrer d’ici 2028 si les niveaux d’investissement restaient inchangés. Cette évaluation interne, reprise par RailTech, avertissait également que 2 000 trains par jour pourraient être affectés dans les trois ans, et que le risque pourrait s’étendre à 10 000 km d’ici 2035 en l’absence de nouveaux flux de financement.

Aujourd’hui, M. Farandou considère la crise non seulement comme une question économique, mais aussi comme une question de bonne politique et de morale, appelant le public français à se mobiliser pour sauver le rail. Le train est « un bien commun légué par nos ancêtres » et une responsabilité collective : « Ce réseau appartient aux Français. A nous de le transmettre en bon état. »

Un réseau à bout de souffle

« Le réseau ferroviaire français n’est pas en très bon état », a déclaré M. Farandou lors d’un entretien avec Hourrail à la fin du mois dernier. C’est peut-être un euphémisme, surtout si l’on considère le bruit que fait la SNCF sur l’état des infrastructures françaises : comme le dit le président, l’âge moyen des voies est de 30 ans, mais de nombreux tronçons ont plus de 70 ans, voire 100 ans. « Les lignes aériennes, quant à elles, datent parfois de l’après-guerre », précise-t-il. Par ailleurs, environ 20 % des sous-stations et des caténaires sont considérées comme obsolètes.

Et les conséquences s’avèrent graves pour le rail français. Comme pour tous les systèmes nationaux, les pannes liées au vieillissement de l’infrastructure du réseau entraînent des retards qui se répercutent sur l’ensemble du système. « Lorsque le réseau est fermé, des dizaines de trains ne circulent plus. Lorsque l’infrastructure ne peut être remplacée, des restrictions de vitesse sont imposées pour des raisons de sécurité, ce qui nuit à la fiabilité. La SNCF a pourtant besoin de cette confiance pour poursuivre sa mission.

Mais ce n’est pas comme si la SNCF ne dépensait pas d’argent pour le rail, en particulier à la lumière du récent regain de popularité des trains. L’entreprise publique affirme qu’elle consacre déjà 3,5 milliards d’euros par an au renouvellement des infrastructures, financés par les redevances d’accès au réseau ferroviaire et les bénéfices du groupe SNCF lui-même. Mais ce montant, insiste M. Farandou, n’est plus suffisant. « La SNCF rapporte déjà 3,5 milliards d’euros par an. Il nous faut 4,5 milliards d’euros pour continuer ».

Ce déficit est au cœur de la conférence « Ambition France Transports » sur le financement de la mobilité, lancée par le gouvernement le 5 mai et qui se déroulera jusqu’en juillet. M. Farandou estime que les résultats des deux prochains mois façonneront le réseau pour des décennies : « Nous connaissons les besoins. Maintenant, il faut décider ».

L’échec de l’Allemagne, l’avenir de la France ?

Au-delà des chiffres, le patron de la SNCF a mis en garde, dans des termes inhabituellement vifs, contre la répétition du modèle allemand de financement du rail. « L’Allemagne, pourtant championne de l’industrie, est en train de s’effondrer sur le plan ferroviaire », a-t-il déclaré. Dans certaines régions, la ponctualité des trains longue distance de la Deutsche Bahn est tombée à 60 % seulement – un chiffre que M. Farandou a cité comme un point bas prudent causé par l’entretien différé.

Pour illustrer ce que le sous-investissement pourrait signifier pour la fierté française, il a déclaré : « Imaginez que les trains français soient refusés par nos voisins suisses », faisant référence à la situation actuelle en Suisse où les retards allemands perturbent les opérations transfrontalières. « Tous les Français feraient pitié et auraient honte… C’est ce qui se passe en Allemagne, et je ne veux pas que cela se produise en France ».

M. Farandou a averti que les exemples de lignes négligées comme Paris-Limoges ou Paris-Clermont-Ferrand – où un milliard d’euros est actuellement dépensé pour rétablir le service – pourraient bientôt devenir la norme dans tout le pays. « Si nous n’agissons pas, c’est ce qui risque d’arriver partout.

Trois solutions concrètes pour la SNCF

Contrairement aux avertissements précédents de la SNCF, qui circulent dans des rapports internes et des auditions parlementaires depuis plus de dix ans, l’interview de M. Farandou présente également des propositions de financement spécifiques. « Il y a des solutions concrètes, dit-il, et elles ont déjà fait leurs preuves ailleurs en Europe.

Ses propositions comportent trois volets. Premièrement, il suggère de réorienter vers le rail les nouvelles recettes fiscales de l’UE, notamment la taxe carbone sur les transports et les contributions des compagnies aériennes dans le cadre du système révisé d’échange de quotas d’émission (ETS). Cela devrait générer 5 milliards d’euros par an pour la France à partir de 2027. Deuxièmement, une taxe sur les poids lourds et l’aviation, similaire aux systèmes en vigueur dans d’autres pays de l’UE. M. Farandou estime qu’elle pourrait rapporter entre 5 et 6 milliards d’euros par an à l’échelle européenne. Troisièmement, la réaffectation des revenus des concessions autoroutières, qui expireront en 2032. « Ces contrats font des autoroutes un véritable cadeau aux sociétés concessionnaires », a-t-il déclaré, suggérant qu’un milliard d’euros par an de ces revenus soit affecté au rail.

M. Farandou s’est également montré très ferme sur la stratégie de financement. « Prenez tous les bénéfices, cela ne me dérange pas. Mais je refuse de m’endetter à nouveau », a-t-il déclaré, faisant référence aux 31 milliards d’euros de dette historique de la SNCF absorbés par l’État français en 2020. D’ici quelques mois, ce ne sera pas à lui de décider. Mais pour ceux qui disent que la SNCF se concentre trop sur ses offres à l’étranger, le patron du rail a défendu son bilan en approuvant des investissements internationaux en Espagne, en Italie et aux Etats-Unis, en insistant sur le fait que « tout l’argent gagné revient au réseau français ».

Le dernier appel de M. Farandou s’adresse directement aux citoyens français : « Si vous êtes d’accord avec ce que j’ai dit, je vous le dis. « Si vous êtes d’accord avec ce que je dis, exprimez-vous. Tweetez, interpellez vos élus. C’est le moment », a-t-il déclaré, ajoutant que la manière la plus simple de montrer sa solidarité avec le rail français était essentiellement de l’utiliser : « La meilleure façon de nous aider, c’est de prendre le train ».

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Cet article a été traduit automatiquement de la langue originale vers le français.

Auteur: Thomas Wintle

Source: RailTech.com