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Keolis et Go-Ahead continueront d’exploiter le plus grand réseau autour de Londres

Le 25 mars dernier, le Département des Transports du Royaume-Uni a annoncé attribuer un nouveau contrat à Govia, une joint-venture entre Keolis (35%) et le groupe Go-Ahead (65%)

Rappelons d’abord le contexte britannique, qui suscite toujours des controverses quant à son interprétation. Depuis 1996, le réseau ferré du Royaume-Uni était géré par une série de franchises garantissant un monopole sur une zone donnée à un opérateur donné. Le système était complexe. L’infrastructure ferroviaire, un moment nommée Railtrack sous une forme privatisée, est revenue dans le giron de l’État dès 2002, sous le nom de Network Rail, qui est toujours d’actualité. Network Rail est détenu à 100% par le gouvernement britannique.

Les franchises étaient des contrats entre le gouvernement britannique et des opérateurs privés pour la fourniture de services voyageurs. Initialement il y eut 25 franchises mais ce nombre chuta par la suite à 16. Leur durée variait de 3 à 15 ans selon les termes. Elles avaient surtout comme point central que le risque sur les revenus était supporté par l’opérateur.

Les attentats, la perspective du Brexit et les moins bonnes performances de l’économie britannique mirent à mal ce système. Le système de franchisage avait clairement vécu et la pandémie qui vida les trains en 2020 acheva définitivement cette politique.

Une nouvelle politique ferroviaire

En mai 2021, avec beaucoup de retard, le gouvernement britannique présentait un livre blanc exprimant l’idée de confier le contrôle de l’infrastructure et des services ferroviaires à un nouvel organisme public indépendant, les franchises étant remplacées par des contrats qui doivent inciter les entreprises privées à la ponctualité et à l’efficacité plutôt qu’à l’augmentation des recettes. Remplir les trains n’était plus une priorité et il n’y avait donc plus de risques sur les recettes.

Dorénavant, sous le nom de Great British Railways, le gouvernement attribue directement des « contrats directs provisoires », appelés National Rail Contracts, ou NRC. Car en effet, la politique de confier l’exploitation à des opérateurs privés n’a pas disparu.

Govia Thameslink Railway

C’est dans ce cadre que Govia Thameslink Railway (GTR), une joint-venture entre Keolis (35%) et le groupe Go-Ahead (65%), a été reconduite pour la maintenance des trains et l’exploitation d’un réseau de 1.300 km de lignes (pratiquement la moitié de la SNCB), qui cumule près de 340 millions de voyageurs par an avant la pandémie (incluant Southern). GTR exploite un parc de 516 trains, gère 235 gares et emploie 7 400 salariés. Govia Thameslink Railway a été créée en juillet 2015 à la suite du regroupement des réseaux Great Northern, Thameslink, Southern et Gatwick Express.

Le réseau GTR est le plus grand du Royaume-Uni exploité par un opérateur et couvre plusieurs lignes dans et autour de Londres et s’étend tout au nord jusqu’à Bedford et au sud sur la côte, jusqu’à Brighton, par le biais d’une grande radiale appelée Thameslink qui traverse Londres de part en part sur un axe nord-sud. Cet axe permet de rejoindre, en direction de Brighton, le deuxième aéroport de Londres, Gatwick.

D’une durée de 3 ans, le contrat débutait ce vendredi le 1er avril 2022 et dispose d’une option d’extension pour 3 années supplémentaires. Selon les termes de l’accord, Govia percevra une commission de gestion fixe de 8,8 millions de livres sterling par an (équivalant à 0,5 % de la base de coûts de Govia), avec une commission de performance supplémentaire pouvant atteindre 22,9 millions de livres sterling par an. Ces pourcentages sont à peu près comparables aux marges que l’entreprise réalisait dans les années précédant la pandémie.

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Auteur: Frédéric de Kemmeter