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L’Espagne va construire un système de changement d’écartement d’essieux à Irun

Adif AV, le gestionnaire d’infrastructure espagnol, a lancé un appel d’offres pour la construction d’un système de changement d’écartement d’essieux en gare d’Irun, au nord-est du pays.

Comme on le sait, l’Espagne (et le Portugal) n’ont pas le même écartement standard UIC que la France et les autres pays européens. La péninsule ibérique dispose en effet de voies à 1.668mm tandis que l’écartement standard est de 1.435mm. Un handicap majeur qui isole complètement l’Espagne et le Portugal pour les échanges ferroviaires.

Il fût un moment question de changer par phases l’écartement des voies espagnoles mais rapidement, cet objectif fut mis de côté. Il fallait en effet également travailler sur les essieux de tous les trains, ce qui rendait la tâche insurmontable et coûteuse.

Á noter en revanche que les 3.200km de ligne à grande vitesse en Espagne, gérés par Adif, furent construits directement avec l’écartement standard UIC à 1.435mm. Seule la liaison Barcelone-Perpignan, avec le tunnel du Perthus, permet à l’Espagne d’être connectée à la France par train standard.

Au nord-est du pays, les voies 1.668mm viennent buter à Irun (et une voie pousse même en France jusqu’à Hendaye). C’est à Irun que l’Adif voudrait construire un système qui change automatiquement l’écartement des essieux.

Un système pour tous les trains

Jusqu’ici, seule la firme Talgo avait mis au point, depuis les années 60, des rames voyageurs articulées dotées de roues à écartement variable. Les rames passaient dans un petit hangar muni d’une système de changement d’écartement des essieux. Désormais, Adif voudrait appliquer un système identique mais pour tous les trains, y compris les wagons de marchandises.

À Irun, les wagons de marchandises sont élevés avec des vérins et les essieux sont changés au bon écartement. Un systèem très coûteux qui prend beaucoup de temps.

L’objectif du nouvel échangeur d’Irun est d’automatiser le changement d’écartement. Parmi les actions prévues pour la réalisation de ce projet, il y a la construction d’un « changeur d’écartement » pour les essieux à écartement variable et toutes les installations qui en dérivent, l’exécution du réseau de drainage dans les fosses et la connexion avec le réseau pluvial existant (chantier des grues à portique), ainsi que le montage de deux tronçons de voie pour se connecter aux voies existantes.

L’offre pour le contrat de montage des voies s’élève à 517.210 euros, avec un délai d’exécution de trois mois. Le marché des travaux d’électrification fera l’objet d’un appel d’offres, avec un budget de 247.517 euros et un délai d’exécution assez serré de seulement 26 jours.

Ce marché des travaux d’électrification comprend la mise en place des poteaux et des consoles, le montage des suspensions, des haubans et des ancrages, ainsi que la pose de la caténaire complète. Les raccordements et les ajustements de la caténaire existante sont également inclus.

Essieu à écartement variable

Ce projet est basé sur la technologie du système d’essieux à écartement variable pour les wagons de marchandises, approuvé par l’Agence nationale de sécurité ferroviaire (AESF), et qui permet aux trains de marchandises de circuler entre des réseaux ayant des écartements de voies différents. Le système d’écartement variable se compose de l’ensemble axe-roue, relié par le mécanisme de changement d’écartement et d’un système de verrouillage. Cet essieux diffère de la technique des roues indépendantes développées par Talgo.

Un train de marchandises équipé de cet essieu pourra ainsi passer par le changeur automatique d’écartement et, de cette façon, effectuer un trajet en circulant directement d’une section de voie à 1.435 mm vers des voies de 1.688 mm, et inversément. Cela permet de ne plus faire attendre les trains durant un jour ou plus aux frontières franco-ibériques.

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Auteur: Frédéric de Kemmeter