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Gare de l'Est (Shutterstock)

ART : Les dépenses d’infrastructure en hausse en Europe et stables en France

Gare de l'Est (Shutterstock)

La France semble être à la traîne dans le déploiement de l’ERTMS. Aussi, en 2021, les dépenses d’entretien des infrastructures en France étaient inférieures à la moyenne européenne. Voici quelques-unes des conclusions d’un récent rapport de l’Autorité de régulation des transports (ART).

Depuis 2018, le réseau ferroviaire européen est globalement stable, mais a notamment été marqué par l’ouverture de 400 kilomètres de nouvelles lignes à grande vitesse en Espagne, représentant 20 pourcent de son réseau, et compensant la restructuration à la baisse (mise hors service de lignes plus anciennes) des réseaux dans d’autres pays, comme la France. Selon le rapport, la France et l’Espagne représentent près des deux tiers du réseau ferroviaire européen à grande vitesse.

L’introduction des lignes à grande vitesse et l’élimination des petites lignes non électrifiées dans l’UE sont les principaux facteurs expliquant la croissance très modérée de l’électrification du réseau ferroviaire européen, qui représente 56 pourcent des lignes en 2021 (en hausse de seulement 1 point en 5 ans), contre 60 pourcent en France. Ce chiffre est proche de la moyenne européenne de 56 pourcent . Cette part est nettement supérieure à celle du réseau anglais, qui s’élève à 38 pourcent , mais inférieure à celle de la Suisse, dont le réseau est entièrement électrifié. Les pays du Benelux et l’Italie présentent également des taux d’électrification élevés. Au total, 5 965 kilomètres de voies principales, soit plus de 90 pourcent du réseau belge, sont aujourd’hui électrifiés, ce qui fait de la Belgique un leader européen dans ce domaine.

Pourcentage de voies électrifiées par pays en 2021 (Source : ART)
Pourcentage de voies électrifiées par pays en 2021 (Source : ART)

Dans la plupart des pays de l’UE, le réseau électrifié se taille la part du lion dans le trafic ferroviaire (les lignes électrifiées ayant été construites principalement en raison du trafic qu’elles supportent). En France, le réseau électrifié voit passer en moyenne 59 trains par jour, contre plus de 100 en Autriche, en Allemagne et au Royaume-Uni. Sur les sections non électrifiées du réseau, le niveau d’utilisation n’est que de 17 en France, ce qui est très faible par rapport aux 3 pays mentionnés ci-dessus (respectivement 36, 42 et 57), mais supérieur au niveau observé sur les réseaux non électrifiés italiens et espagnols.

Degré d'utilisation du réseau en 2021, par type de réseau (nombre de trains.km par jour par km de ligne) (Gauche : moyenne 2021 pour l'ensemble du réseau ferroviaire/ Centre : moyenne 2021 pour le réseau électrifié (trains.km avec traction électrique/ Droite : moyenne 2021 pour le réseau ferroviaire non électrifié) (Source : ART)
Degré d’utilisation du réseau en 2021, par type de réseau (nombre de trains.km par jour par km de ligne) (Gauche : moyenne 2021 pour l’ensemble du réseau ferroviaire/ Centre : moyenne 2021 pour le réseau électrifié (trains.km avec traction électrique/ Droite : moyenne 2021 pour le réseau ferroviaire non électrifié) (Source : ART)

La France est à la traîne dans le déploiement de l’ERTMS

Le Luxembourg, la Suisse et la Belgique sont en tête du peloton en termes de déploiement de l’ERTMS. En quatrième position, la Slovénie a déployé le système sur 34 pourcent de son réseau ferroviaire, et en cinquième position, l’Espagne a fait de même sur 16 pourcent de son réseau. Avec 1 110 km de lignes (majoritairement à grande vitesse) équipées, la France semble peu progresser, notamment dans l’équipement de son réseau de lignes classiques (moins de 100 km), et est dépassée depuis 2019 par l’Italie, la Bulgarie et la Hongrie dans le classement des pays européens pour cet indicateur.

Balise ETCS Leuven - Mechelen (Photo- Infrabel)
Balise ETCS Leuven – Mechelen (Photo- Infrabel)

Dépenses d’entretien des infrastructures

Les dépenses d’entretien et d’investissement dans les réseaux ferroviaires sont en hausse depuis 2019 pour la majorité des gestionnaires d’infrastructure européens, notamment en Allemagne où elles ont augmenté de 23 pourcent . En 2021, le niveau de dépenses de SNCF Réseau pour l’entretien, le renouvellement et l’amélioration des voies du réseau ferré national s’élève à 231 milliers d’euros par kilomètre de ligne, hors nouvelles infrastructures. Ce niveau de dépenses est nettement supérieur à la moyenne des pays de l’IRG-Rail, qui est de 150 milliers d’euros par kilomètre. Il reste cependant inférieur à celui de l’Allemagne ou de la Belgique.

Les dépenses françaises (hors nouvelles infrastructures) restent inférieures de 5 pourcent à celles de 2019, reflétant les contraintes budgétaires de SNCF Réseau, alors qu’elles ont augmenté dans 17 pays de l’IRG-Rail, dont l’Autriche, l’Espagne, la Belgique et surtout l’Allemagne. Les dépenses totales d’infrastructure ferroviaire ont augmenté dans 18 pays de l’IRG-Rail, tandis qu’elles se sont stabilisées en France (baisse de 2 pourcent ), en raison d’une augmentation de 25 pourcent des investissements dans les nouvelles infrastructures. En Allemagne, les dépenses totales pour l’infrastructure ferroviaire ont augmenté de 23 pourcent .

Utilisation du réseau et dépenses d’infrastructure

Le vieillissement et l’usure de l’infrastructure sont liés au trafic qu’elle supporte. Des niveaux de trafic élevés se traduisent par des coûts de maintenance et de renouvellement plus importants pour le réseau ferroviaire. Si les pays à fort trafic, comme les Pays-Bas, l’Allemagne et la Belgique, sont en effet parmi ceux où les dépenses par kilomètre sont les plus élevées, le rapport note un niveau de dépenses en France similaire à celui de ces pays, pour un niveau d’utilisation significativement plus faible.

Ce constat peut s’expliquer par plusieurs autres facteurs liés aux spécificités géographiques ou techniques de l’infrastructure (nombre d’ouvrages d’art, systèmes de sécurité, type d’enceinte, etc. Elle doit également être mise en regard des périodes de sous-investissement, périodes de sous-investissement qui se traduisent par une dégradation de l’état des infrastructures et, in fine, par des coûts d’entretien et des besoins de renouvellement. Le rapport conclut enfin que l’absence d’indicateurs comparables entre pays européens sur l’état des infrastructures rend difficile l’identification des augmentations de dépenses liées au rattrapage.

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Auteur: Emma Dailey