La HS2 serait à nouveau reportée au-delà de 2033 après des « milliards de livres gaspillés ».

Le gouvernement britannique est confronté à un nouvel embarras concernant son projet de train à grande vitesse HS2, selon les médias britanniques. La ministre des transports, Heidi Alexander, devrait confirmer devant le Parlement mercredi que la ligne, longtemps retardée, n’ouvrira pas avant l’échéance de 2033. Elle ne devrait toutefois pas annoncer une nouvelle date d’achèvement.
Avant toute déclaration officielle, la BBC a rapporté que Mme Alexander déclarera aux députés qu’il n’y a « aucun moyen raisonnable de livrer » HS2 dans les délais et le budget prévus. Cet aveu constitue un nouveau chapitre de ce que le gouvernement reconnaît aujourd’hui comme une « litanie d’échecs », imputés à une mauvaise gestion chronique, à de mauvaises décisions contractuelles et à des plans sans cesse modifiés.
Deux études critiques révèlent de profondes lacunes
Ce retard coïncide avec la publication de deux études très attendues. L’une, menée par James Stewart, ancien directeur général de Crossrail, a examiné la supervision du projet. Le second, réalisé par Mark Wild, directeur général de HS2 Ltd, évalue la meilleure façon de procéder pour la phase initiale Londres-Birmingham.
Selon le Guardian, les deux rapports mettent en évidence d’importantes défaillances politiques et opérationnelles. Parmi eux : des contrats signés avant que la portée du projet ne soit finalisée, deux plans de conception abandonnés pour la gare d’Euston coûtant plus de 250 millions de livres, et 2 milliards dépensés pour un tronçon nord annulé par la suite par le Premier ministre Rishi Sunak en 2023.
M. Alexander déclarera que les gouvernements conservateurs ont supervisé une augmentation de 37 milliards de livres sterling des coûts de HS2 entre 2012 et 2024. « Des milliards de livres sterling de l’argent des contribuables ont été gaspillés en raison de changements constants du périmètre, de contrats inefficaces et d’une mauvaise gestion », dira-t-elle aux Communes. « C’est un gâchis épouvantable. Mais nous allons y remédier ».
Les coûts s’envolent, les allégations de fraude font surface
Prévu à l’origine en 2012 pour un coût de 20 milliards d’euros pour sa première phase, des estimations récentes suggèrent que le seul tronçon Londres-Birmingham pourrait maintenant dépasser les 57 milliards d’euros. L’ensemble du réseau, même dans sa forme réduite, pourrait approcher les 100 milliards aux prix actuels.
Des problèmes de fraude sont venus s’ajouter aux difficultés du projet. Le Guardian note que M. Alexander fera référence à des allégations selon lesquelles des fournisseurs de main-d’œuvre auraient surfacturé le personnel de HS2 Ltd. L’agence a signalé ces allégations à HM Revenue and Customs et mène sa propre enquête.
Une nouvelle direction et une « remise à zéro » pour la livraison
Afin de rétablir l’ordre, M. Alexander devrait nommer Mike Brown – ancien commissaire de Transport for London – au poste de président de HS2 Ltd. M. Brown remplace Jon Thompson, qui a démissionné au début de l’année à la suite de controverses publiques, notamment ses commentaires sur un « tunnel pour chauves-souris » de 100 millions de livres sterling.
La nomination de M. Brown fait écho à une décision similaire concernant la ligne Elizabeth de Londres, où M. Wild et lui ont contribué à l’achèvement d’un projet dont le budget avait été dépassé. Wild a maintenant écrit à Alexander pour lui proposer une « remise à zéro » afin de maîtriser les coûts de HS2 et de faire avancer la construction, même si le calendrier est plus lent.
Autrefois ambitieuse, aujourd’hui réduite
HS2 a été proposé pour la première fois en 2009 comme une liaison ferroviaire à grande vitesse entre Londres, les Midlands et le nord de l’Angleterre. Approuvée par le gouvernement en 2012, elle devait initialement coûter 33 milliards de livres sterling et être inaugurée en 2026. En 2020, une étude a montré que le coût pourrait atteindre 106 milliards de livres. Depuis lors, plusieurs phases – y compris le tronçon est vers Leeds et le tronçon nord vers Manchester – ont été supprimées.
Une source travailliste citée par le Guardian a qualifié le projet de « comédie d’erreurs, mais personne ne rit ». Sans calendrier révisé et avec des coûts en hausse, HS2 reste l’un des projets de transport les plus controversés d’Europe occidentale.
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