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La SNCF supprime le service Ouigo sur Paris-Nancy

Une rame Ouigo, mais pour un service purement français (Photo : SNCF)

Arrivés à l’été 2018, les TGV « low cost », Ouigo, ne s’arrêteront plus en gare de Nancy en 2022. Les marges seraient insuffisantes, explique l’opérateur public.

Le service Ouigo est le nom commercial des TGV à bas coûts lancés par la SNCF le 2 avril 2013 en France. Ce nouveau service avait été lancé dans un contexte de crise économique, qui avait conduit à une baisse de la fréquentation et de la rentabilité des TGV classiques en 2012. Un service identique a été lancé le 10 mai dernier en Espagne, sous le nom de Ouigo España.

Un business model particulier

Les Ouigo sont des TGV ne comportant qu’une seule classe et sans vrais services à bord. Le business model consiste en une rotation plus importante des rames TGV et davantage de sièges pour optimiser les coûts de production. Le matériel roulant en France se compose de 38 rames Duplex (à deux étages) de première génération, emportant jusqu’à 634 passagers. En accouplant deux rames, l’emport atteint 1.268 passagers.

À l’origine, pour ne pas compromettre le business model de ses autres TGV, la SNCF faisait partir ses Ouigo de gares excentrées. Justification : des petits prix moyennant quelques contraintes. C’est ainsi que les premiers services de 2013 s’élancèrent de Marne-la-Vallée plutôt que la gare de Lyon à Paris, pour rejoindre Marseille ou Montpellier via l’aéroport de Lyon-Saint-Exupéry, et non Lyon Part-Dieu en centre-ville. Des liaisons supplémentaires seront par la suite créées, en décembre 2015 entre Lyon-Perrache et Tourcoing (au lieu de Lille), puis Nantes et Rennes. En 2017, la SNCF lançait une liaison vers Strasbourg ainsi qu’une autre vers Bordeaux.

Entretemps, sa politique de contrainte était modifiée avec dorénavant des départs dans les grandes gares parisiennes, pour capter davantage de clientèle. SNCF Ouigo dessert aujourd’hui 42 destinations et maille les 12 plus grandes villes françaises.

Un peu moins de Ouigo vers l’Est

Depuis juillet 2018, les TGV Ouigo atteignaient, outre Strasbourg, Metz, Nancy et Colmar directement au départ de la gare de Paris-Est. Ce sont les deux rotations de Nancy que la SNCF va supprimer dès décembre prochain, à la grande fureur des élus locaux et régionaux. Metz conserverait en revanche ses lignes.

Les raisons invoquées par la SNCF serait la faiblesse de la « clientèle type Ouigo », plutôt orientée « loisirs », alors que le trafic enregistré par la SNCF sur Paris-Nancy serait majoritairement une clientèle professionnelle. Le concept Ouigo est en effet appelé à recouvrir au minimum ses coûts, sans devoir faire de bénéfices, et doit conserver le modèle économique de production qui permet d’offrir des prix bas et être en cohérence avec les autres offres.

Cela ne satisfait évidemment pas le monde politique local qui parle d’un abandon de la clientèle à faible pouvoir d’achat, notamment les étudiants. Un responsable SNCF déclarait sur BFMTV que « 1260 places à remplir chaque jour dans chaque train, ce n’est pas rien, donc il faut que ce soit de gros marchés ».

L’opérateur public rappelle en revanche que ses TGV classiques, baptisés « Inoui » depuis 2017, restent en nombre sur Paris-Nancy, mais pas avec la même tarification que l’option Ouigo. La SNCF prévoirait de passer de 6 à 9 rotations par jour entre les deux villes.

Auteur: Frédéric de Kemmeter