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Eurostar à Rotterdam (Photo: Shutterstock)

Le train plus cher que l’avion : y a-t-il une explication ?

Eurostar à Rotterdam (Photo: Shutterstock)

Une ONG lançait cet été les résultats d’une étude concluant que le train restait, en France, deux fois plus cher que l’avion

Dans un rapport publié le 20 juillet, Greenpeace Europe comparait le prix du train et celui de l’avion sur un ensemble de liaisons sur tout le Continent. Il en ressortait que le train était en moyenne deux fois plus cher qu’un même trajet en avion, mode réputé polluant. Pour certains trajets, comme Barcelone-Londres, le coût du train serait même jusqu’à trente fois plus cher.

Il n’a pas fallu 48 heures pour que l’ensemble des médias reprennent en boucle sans réellement analyser la situation plus en détails.

Le business model de l’aviation

Les compagnies aériennes opèrent dans un environnement commercial hautement dynamique et concurrentiel. Elles développent, exploitent et affinent constamment (redéfinissent parfois) leurs modèles commerciaux. Cela est aussi permis par des éléments caractéristiques de l’industrie aérienne, qui font défaut au rail :

  • Le ciel est gratuit, à l’exception bien-sûr des redevances du contrôle aérien ;
  • Les avions utilisent une infrastructure minimale, à savoir les aéroports, pour lesquels les compagnies aériennes payent également un péage ;
  • L’industrie aérienne est nettement plus uniformisée à un niveau quasi mondial. Cela permet des rotations importantes dans les flottes, avec une forte industrie du leasing et de seconde main, permettant à un petit opérateur de commencer rapidement ;
  • L’utilisation de la langue anglaise favorise la rotation des équipages, du personnel et les tractations commerciales au niveau mondial.
  • Il y a un effet de « spirale » : les marchés à croissance rapide attirent de nombreux nouveaux entrants, ce qui entraîne une abondance de sièges et in fine, une chute des prix des billets.

Le business model ferroviaire

Les entreprises ferroviaires sont pour la plupart un héritage économique et social national. Le chemin de fer n’a jamais été conçu comme un outil international.

  • Chaque réseau, au fil des décennies, a adopté ses propres techniques en matière de traction et de signalisation., parfois même en matière de gabarit.
  • Le réseau ferroviaire est fortement capitalistique du fait de son étendue et de sa grande technicité (énergie électrique), ainsi que du nombre de gares à desservir ;
  • Le chemin de fer est surtout « une chose » nationale qui évolue dans un environnement bien différent que l’aérien, notamment au niveau du transport de proximité (travail, école) ;
  • Il n’y avait pas, jusqu’il y a peu, de dynamisme au niveau des flottes (mais les choses évoluent à présent).

On pourrait croire que tous ces éléments ne justifient pas entièrement le fait que le train soit plus coûteux que l’avion. Il y a aussi des éléments de taxation des transports qui entrent en jeu. Ainsi les chemins de fer subissent des hausses de prix d’énergie (électricité, diesel) quand au niveau aérien, le kérosène demeure détaxé suite à une disposition mondiale datant de… 1944 !

Il en est de même sur la TVA appliquée sur la billetterie qui diffère entre l’aérien et le secteur ferroviaire.

Diminuer le trafic aérien au profit des trains

C’est une demande pour les grands pays, comme la France, l’Allemagne ou l’Italie. Il y a deux écoles qui s’opposent à ce sujet :

  • La première voudrait qu’on interdise les vols courts là où les trains à grande vitesse pourraient rendre le même service dans un même laps de temps ;
  • La seconde promeut plutôt un « choc » d’offre et technologique pour faire fléchir le trafic aérien.

La première école a déjà quelques exemples concrets à son actif avec, par exemple en Allemagne, certains vols courts transférés à la Deutsche Bahn.

La seconde école a plusieurs exemples à son actif sous la forme de la grande vitesse. Les liaisons telles Paris-Lyon, Milan-Rome ou Barcelone-Madrid, toutes de l’ordre de 500 à 600 kilomètres, ont vu une chute drastique du trafic aérien au profit du train.

On verra à l’avenir comment tout cela va évoluer et ce que le train est susceptible de reprendre au marché aérien.

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Auteur: Frédéric de Kemmeter