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NTV-Italo a déjà dix ans

Own work Frédéric de Kemmeter

Ce 28 avril marque les 10 ans jour pour jour du démarrage des services en libre accès de NTV-Italo en Italie.

Nuovo Trasporto Viaggiatori, plus connue sous le terme commercial de NTV-Italo, est une entreprise privée de transport par train à grande vitesse qui a démarré ses services le 28 avril 2012. Elle est la seconde entreprise ferroviaire à être créée en Italie, après la tentative avortée en 2010 de Arenaway. C’est probablement à ce jour l’exemple le plus abouti d’une compagnie de transport ferroviaire privée à grande vitesse en Europe.

Elle fût fondée en 2006 par plusieurs industriels italiens de renom : Luca Di Montezemolo (patron de Ferrari), Diego Della Valle (PDG du maroquinier Tod’s), Gianni Punzo (PDG de la société logistique CIS) et Giuseppe Sciarrone, un ancien de chez Trenitalia et Rail Traction Company. Fait remarquable : il s’agit ici de la première firme privée à grande vitesse d’Europe avec comme but de concurrencer les lignes grande vitesse de l’entreprise Trenitalia, alors en pleine restructuration. Parmi les actionnaires, la SNCF en personne, ce qui provoqua fin 2011 la fin de la coopération Artesia entre Trenitalia et la SNCF (et la naissance de Thello).

NTV a d’emblée affiché un choix ambitieux en optant pour un investissement massif, soit plus d’un milliard d’euros dont 628 millions rien que pour l’achat de 25 nouvelles rames à grande vitesse qui n’existaient que sur papier. La nouvelle compagnie envisagea de proposer trois classes de voyages à l’image de l’aérien. De quoi bousculer un modèle ferroviaire historiquement basé sur deux classes de voyage.

Le modèle d’affaire se voulait tout aussi ambitieux, dans un contexte défavorable au transport ferré italien : acquérir 20-25 % de parts de marché à l’horizon2014-2015, être à l’équilibre financier dès 2014 et ouvrir, dans une deuxième étape, de nouvelles liaisons à destination de Bologne, Padoue, Venise et Turin.

Des débuts difficiles

L’arrivée de cette concurrence ne s’est pas faite sans mal, la législation n’étant pas encore véritablement rédigée en faveur de la concurrence à cette époque. Il n’y a pas encore de véritable régulateur comme exigé par l’Europe.

Le démarrage des premiers trains, le 28 avril 2012, se fait au travers de zones grises juridiques dont profite pleinement l’entreprise historique Trenitalia, notamment en ce qui concerne l’accès aux facilités essentielles. NTV-Italo a dû fonctionné pendant un an et demi dans un environnement où aucune autorité de régulation compétente ne surveillait le marché. Avec des conséquences fâcheuses. Lors de l’inauguration en gare de Rome-Ostiense (et non Rome-Termini), NTV-Italo se présenta à quai… dans une gare entièrement fermée par un grillage.

Fin 2014, NTV-Italo ne se portait pas bien au niveau financier et était proche de prendre le chemin du tribunal. La SNCF se retira à ce moment-là…

Renouveau

L’arrivée du nouveau régulateur du rail en 2014, l’ART (« Autorità di Regolazione dei Trasporti »), a été décisif sur le plan institutionnel : la baisse des péages ferroviaires et la mise en place d’un cadre légal pour les accès au réseau ferroviaire. La nouvelle grille des péages redevables par les entreprises à grande vitesse (dont Trenitalia, l’opérateur historique), pour l’année 2015, a conduit à une réduction d’environ 30%, passant ainsi de 12,8 euros par train-kilomètre à 8,2 euros par train-kilomètre. Auparavant, ces péages étaient estimés à environ 13,4 euros par train-kilomètre.

En 2015, une action importante concerna les dettes de 681 millions d’euros contractées par NTV et qui furent rééchelonnées dans le but de rembourser 70% pour 2028 et les 30% restants pour 2033. Une recapitalisation de 100 millions d’euros pu donner de l’air à NTV-Italo qui réalisa ses premiers bénéfices en 2016.

Les affaires fonctionnèrent par la suite beaucoup mieux avec une extension du réseau en Italie ainsi que l’achat complémentaire de 22 rames EVO aptes à 250km/h, portant le parc de NTV-Italo à un total de 47 rames.

En 2018, NTV-Italo était vendu pour 1,98 milliard d’euros au gestionnaire de fonds international Global Infrastructure Partners III et en septembre 2018, la compagnie d’assurances allemande Allianz acquérait une participation de 11,5% dans Italo-NTV auprès de Global Infrastructure Partners III (GIP), faisant d’Allianz le deuxième actionnaire de la société.

Après les affres de la pandémie, qui avait pratiquement mis le service à l’arrêt en 2020, les choses semblent repartir sur de bonnes bases même si le contexte n’est plus celui de 2019.

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Auteur: Frédéric de Kemmeter