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La ligne L162 Namur-Arlon coupée en trois phases ce mois d’août

Photo : Infrabel

C’était prévu et annoncé. La ligne L162 entre Namur et Arlon va être coupée durant trois semaines ce mois d’août.

Le trafic sera totalement interrompu sur trois portions successives entre Jemelle et Arlon.

La liaison ferroviaire Bruxelles – Luxembourg – Strasbourg s’inscrit parmi les projets transeuropéens déclarés comme prioritaires par la Commission européenne (TEN-T – Trans-European Transport Network). Dans ce cadre, le Gouvernement belge et la Région wallonne avaient décidé, en 2006, d’entreprendre d’importants travaux de modernisation sur les Lignes 161 (Bruxelles – Namur) et 162 (Namur – Luxembourg), autrement dit l’Axe 3.

Divers investissements visent tant à maintenir la capacité de l’infrastructure existante (en termes de voies, de caténaires, de signalisation ou de génie civil), qu’à étendre sa capacité (rectification de tracé, aménagement de gares, …).

Les lignes L161 et L162 furent respectivement inaugurées en 1856 et 1859 et intégralement électrifiées en 3kV jusqu’en gare de Luxembourg dès 1956, permettant aux trains belges d’atteindre la capitale du Grand Duché sans changer de tension.

Des phases successives

Parmi les travaux, une réélectrification la ligne L162 en 25 kV AC plutôt qu’en 3kV, mais aussi procéder au renouvellement des équipements vétustes. d’une ligne qui souffre pas mal du climat des Ardennes.

Certains chantiers nécessitent des coupures complètes de la circulation car il n’est pas possible de travailler sur voies alternées (fermeture d’une voie tandis que l’autre reste en service). C’est ainsi que pour ce mois d’aôut, les travaux sont réalisés en trois phases successives sur des tronçons différents :

– Du 6/08 au 12/08 entre Libramont et Arlon;

– Du 13/08 au 19/08 entre Libramont et Sterpenich et Athus;

– Du 20/08 au 28/08 entre Rochefort Jemelle et Marbehan.

Du 3 au 25kV

Dans le milieu ferroviaire européen, le 25.000 volts alternatif est le courant de référence. Infrabel a bien-sûr hérité en 2005 du réseau en 3.000 volts de la SNCB mais connait déjà la technique du 25.000 installé sur les 4 lignes à grande vitesse et sur la ligne Athus-Meuse, entre Dinant et Athus.

Une caténaire 25kV a une architecture différente de la caténaire 3kV et toute l’astuce fut de combiner un ensemble technique pouvant supporter le 3kV et le 25kV.

Pour ce qui concerne la ligne L162, il s’agit de « basculer » d’une tension à l’autre avec les nouvelles sous-stations électriques raccordées au réseau électrique d’Elia. Il est assez rare en Europe d’opérer de tels basculements de tension.

L’adoption du 25V obligera bien-sûr la SNCB à n’exploiter que du matériel roulant bicourant/bitension 25kV/3kV, ce qui est un gage de qualité car ce matériel roulant est justement le plus moderne actuellement en service dans le parc SNCB (Desiro, locomotives 18/19, automotrices AM96 et nouvelles compositions M7 en cours de livraison).

Relever la vitesse limite

La modernisation comprend aussi un relèvement de la vitesse de référence de la L162, actuellement limitée à 130 km/h. Un détail qui prend toute son importance. Le temps de parcours ferroviaire Bruxelles-Luxembourg est souvent cité comme un exemple de lenteur entre les deux capitales, par rapport à l’autoroute E411 qui est parallèle à la L162.

Par le passé, des projets de nouveaux tronçons entre Jemelle et Libramont avaient été évoqués, mais refusés vu l’ampleur des coûts dans cette région accidentée. Il y eut aussi le projet de mettre des trains pendulaires – à caisses inclinables -, mais cela nécessitait malgré tout un renforcement de la voie vu la pression exercée sur celle-ci.

Tous ces projets ont été finalement abandonnés au profit d’un redressement des courbes existantes permettant de relever la vitesse de référence à 160 km/h. Près de 150 courbes sur l’ensemble de la ligne durent ainsi être rectifiées, Certaines courbes ont nécessiter de lourds travaux en taillant dans la roche car il fallait largement augmenter le rayon de courbure de la voie afin de permettre une augmentation des vitesses.

Certains talus et ponts, usés par l’usage du temps, ont été renouvelés tandis que des passages à niveaux furent supprimés. En gare de Ciney, les quais ont été prolongés d’une centaine de mètres.

C’est donc un axe majeur de la Wallonie qui bénificiera d’un vaste renouveau dès la rentrée.

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Auteur: Frédéric de Kemmeter