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Bruxelles-National aéroport réclame le TGV sous ses pistes

Photo : Frédéric de Kemmeter

Plusieurs aéroports à moins de 300 kilomètres de Bruxelles disposent d’une gare où s’arrêtent – notamment -, les trains à grande vitesse. Et pour Bruxelles ?

Brussels Airport veut redevenir une escale du Thalys, le TGV qui relie Amsterdam à Paris. C’est du moins ce que souhaite le patron de l’aéroport, Arnaud Feist, dans une interview accordée à nos confrères de Luchtvaartnieuws Magazine. « C’est la seule façon de réduire le nombre de vols intra-européens. »

Pour rappel, le Thalys Amsterdam-Bruxelles-Paris passe à quelques kilomètres de l’aéroport de Bruxelles sur la ligne L25N directement entre Malines et Bruxelles-Nord, évitant le détour par l’aéroport.

Tant Amsterdam-Schiphol que Paris-Charles de Gaulle disposent d’une gare où s’arrêtent une quantité de trains, généralement locaux et régionaux, mais aussi la grande vitesse. C’est aussi le cas de Cologne-Bonn et de Dusseldorf, voire même de Francfort, plus lointain.

Moins de vols courts

Le débat bruxellois s’inscrit dans un contexte plus large multicaractère. D’une part, une campagne citoyenne médiatique qui semble s’émouvoir de la quantité des vols courts et de ses rejets de CO2, alors que certaines relations peuvent être couvertes par le TGV.

D’un autre côté plus pragmatique, certains aéroports souhaitent libérer des créneaux horaires en faveur de vols plus « essentiels », à savoir les vols intercontinentaux plus rémunérateurs. La clientèle de ces vols arpenteraient davantage les boutiques que les européens pressés pour un vol d’une heure.

Il y a enfin les compagnies aériennes qui veulent sauver leur business mais en verdir certains pans, comme justement les vols courts. La Lufthansa effectue ainsi des vols courts… à l’aide des ICE de la Deutsche Bahn.

Il reste que le mariage du train et de l’avion s’apparente toujours à celui de l’eau et du feu, tant les process diffèrent entre les deux transports, malgré le fait que le train ait finalement beaucoup emprunté à l’aérien pour créer ses services TGV ou ICE.

Le cas Bruxellois

Du côté ferroviaire, l’argument de réduire les vols courts n’implique pas nécessairement de passer par un aéroport. En janvier dernier, la CEO d’Eurostar (et Thalys) le rappelait à la presse : « Notre projet, c’est connecter les grandes villes sur les lignes à grande vitesse. Zaventem n’est pas sur une ligne à grande vitesse, et il y a de très bonnes connexions rapides en train vers l’aéroport », expliquait alors Gwendoline Cazenave.

Reste que dans l’esprit des aéroports, il s’agit surtout de transférer la clientèle des vols intercontinentaux vers les TGV plutôt que vers des correspondances aérienne d’une heure de vol. L’idée est bien bonne mais il faut ici tenir compte de la réalité aérienne de chaque aéroport.

Tant CDG que Schiphol disposent de vols directs vers pratiquement tous les continents du monde, et singulièrement vers de nombreuses villes d’Asie et des États-Unis. Ce n’est pas particulièrement le cas de Bruxelles qui, malgré son statut de capitale de l’Europe, n’a pas un achalandage intercontinental aussi important que ses concurrents néerlandais et français.

Une autre volonté des aéroports est de se positionner comme hub de transports, afin d’élargir la clientèle et les revenus.

Faire passer les Thalys/Eurostar sous les pistes de Bruxelles est parfaitement possible mais requiert un détour via la L36 puis la L25N vers Malines. Cela gonflerait le temps de parcours d’une bonne dizaine de minutes, alors que le Thalys lui-même dessert déjà actuellement Schiphol, qui a l’immense avantage d’être une entrée ferroviaire directe menant au centre-ville d’Amsterdam.

Bruxelles est en réalité bien réliée à ses concurrentes. Air France dispose en gare du Midi d’un service d’enregistrement des bagages permettant d’emprunter les TGV Inoui directement sous les pistes de CDG. De leur côté, KLM et Thalys n’ont -ils pas récemment prévu un renforcement de leur coopération ?

Les 6 paires d’ICE de la DB prévus au départ de Bruxelles et à destination de Cologne et Francfort font escale… à l’aéroport de cette dernière ville, une des plateformes majeures d’Europe.

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Auteur: Frédéric de Kemmeter