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Doubler le fret ferroviaire : un objectif atteignable ?

Photo : Lineas

L’Europe souhaite doubler la part de marché du rail pour le transport de marchandises, mais il y a des conditions à cela.

Le rail représente actuellement 16,5 % de l’ensemble du fret transporté sur le continent européen, tout en ne consommant que 2 % de l’énergie utilisée par les transports. L’Europe s’est fixé pour objectif de porter la part de marché du secteur à 30 % d’ici à 2030. Mais est-ce si facile qu’on en le pense ?

Le train éprouve toujours autant de difficultés à intégrer des flux logistiques, qui sont pourtant à la base de notre économie et au ravitaillement quotidiens de nos commerces. En Allemagne, selon l’Office fédéral de la statistique, 72% de tous les colis, palettes et conteneurs roulent sur les autoroutes et les routes allemandes (avant la pandémie). Le potentiel est donc immense.

En Suisse, la tentative chiffrée de faire descendre en 2018 le trafic à maximum 650.000 poids-lourds sur l’axe du Gothard n’a toujours pas été atteint, malgré les très bonnes parts de marché du rail sur cet axe très fréquenté d’Europe. Cela démontre toute la difficulté de modifier des flux logistiques construits sur base de la flexibilité du transport routier.

Comment opérer du transfert modal ?

Globalement deux solutions émergent : les fans du futur qui imaginent résoudre l’entièreté des problèmes ferroviaires par la technologie et la digitalisation. Et puis les pragmatiques qui se rendent compte qu’il faut englober d’autres dimensions pour opérer un transfert modal important.

En réalité, on peut s’attendre à un mélange de ces deux solutions.

Technologie

Il est bien clair que la technologie et la digitalisation vont aider le fret ferroviaire : ERTMS, exploitation automatique des trains (ATO), attelages automatiques numériques (DAC), plates-formes numériques et gestion numérique des capacités. Tous ces thèmes font l’objet actuellement d’études poussées, et certains sont même en phase de test, comme l’attelage automatique.

Ce couplage à la fois technologique mais aussi mécanique procure un autre avantage de taille, lié à l’ERTMS : l’intégrité du train. La détection d’une perte de wagon est en effet un point capital. Après une perte d’intégrité, il est grandement nécessaire d’informer le conducteur, qui doit pouvoir prendre les mesures appropriées selon des procédures opérationnelles définies.

Dans le même ordre d’idée, des améliorations sont attendues dans le secteur des wagons isolés, qui demeure un point noir du transport de fret ferroviaire. Actuellement, l’encodage des wagons, leurs caractéristiques et leurs trajets sont encore effectués de manière manuelle, ce qui signifie pertes de temps et risques d’erreurs de transcription.

À la gare de triage de Munich-Nord, DB Cargo teste un système numérique où les wagons de marchandises passent sous un portique caméras, qui prend des photos des wagons de tous les côtés. Cela permet de détecter automatiquement les dommages aux wagons ou aux marchandises et de les signaler. Cette technologie présente l’avantage supplémentaire de pouvoir inspecter les wagons de marchandises par le haut.

Mais aussi flexibilité

Une autre démarche ne pas appel à la technologie et se veut plus paragmatique : aller chercher les clients qui ne prennent jamais le train. C’est une question à laquelle on tente de répondre par des nombreuses présentations de solutions d’avenir, comme à Innotrans ou à la Foire Logistique de Munich.

Il y a quelques années, Alexander Doll, alors patron de la branche Güterverkehr und  Logistik de la Deutsche Bahn expliquait en 2018 qu’« il existe des différences importantes entre les deux domaines [ndlr : la logistique et le ferroviaire], par exemple au niveau du type de clientèle, de la portée du réseau et des cycles d’investissement. DB Schenker a des cycles d’investissement complètement différents dans le domaine de la logistique routière, aérienne, maritime et contractuelle que le transport ferroviaire de marchandises. Plus les cycles d’investissement sont courts, plus les cycles d’innovation sont rapides, plus les nouvelles idées peuvent prévaloir rapidement. »

Recoller la logistique, dont les flux sont au coeur de la chaîen de valeur des entreprises, est une nécessité si on veut véritablement atteindre de très hauts niveaux de progression du fret ferroviaire.

En savoir plus ? Inscrivez-vous dès maintenant à RailTech Belgium 2023. Outre deux conférences, l’événement comprend un vaste espace d’exposition avec de nombreux exposants, dont l’accès est gratuit. Le ministre fédéral de la Mobilité, Georges Gilkinet, ouvrira l’événement. La matinée sera consacrée à la vision ferroviaire 2040 et aux développements importants en cours, tels que le déploiement de l’ETCS. Le programme de l’après-midi vous permettra de tout savoir sur l’infrastructure ferroviaire dans les ports.

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Auteur: Frédéric de Kemmeter