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Getlink pourrait devenir un loueur de matériel roulant

La société qui gère le tunnel sous la Manche, Getlink, pourrait devenir un loueur de matériel roulant pour le compte de nouveaux opérateurs.

Interrogé la semaine dernière lors d’une rencontre organisée par l’AJTM (Association des journalistes des transports et des mobilités en France), Jacques Gounon, le patron de Getlinkl (ex-Eurotunnel), a indiqué qu’il envisage de commander des rames Transmanche vers la fin 2023 pour les louer à des opérateurs ferroviaires qui souhaiteront passer par le tunnel sous la Manche pour desservir Londres. Une démarche audacieuse.

Jusqu’ici en effet, les revenus de droits de passage de trains de voyageurs sont suspendus au seul trafic Eurostar, dont on connait les turpitudes actuelles. «Il me faut des passagers, il me faut des camions et il me faut des trains de fret», a déclaré Jacques Gounon, se disant totalement confiant en la reprise de son groupe, durement frappé par la pandémie de Covid-19, après les incertitudes liées au Brexit.

Renforcer l’activité

L’ex-groupe Eurotunnel a affiché des pertes nettes de 229 millions d’euros en 2021 et de 113 millions en 2020. L’entreprise possède déjà plusieurs cordes à son arc pour des activités annexes, comme le transporteur Europorte qui a fait de très bon résultats l’an dernier et le câble électrique ElecLink.

Europorte est resté bénéficiaire pour la cinquième année consécutive en 2021. En 2021, cette filiale confirmait la rentabilité durable de ses activités de traction, de logistique ferroviaire et de gestion d’infrastructures et de son modèle économique. Ce résultat était, selon l’opérateur, le fruit d’une stratégie qui donne la priorité à la productivité plutôt qu’au volume.

ElecLink, de son côté, vise à exploiter l’interconnexion électrique entre la France et le Royaume-Uni, comprenant notamment deux câbles en courant continu à l’intérieur du tunnel sous la Manche. Ces deux câbles permettent à l’électricité produite, de part et d’autre de la Manche, de circuler entre les deux pays en fonction des besoins. ElecLink est une filiale à 100 % de Getlink.

Ce périmètre élargit permet de faire face aux aléas de l’activité principale de GetLink : l’exploitation du tunnel à l’aide de ses navettes entre Calais et Folkestone. Une exploitation très sensible à la géopolitique (le Brexit) ainsi qu’à d’autres menaces non-ferroviaires (la pandémie).

Casser les barrières techniques

Pour booster ses revenus et effacer certaines contraintes quand à l’acceptation du matériel roulant, Getlink voudrait maintenant acheter du matériel roulant homologué et le louer à qui veut. Parmi de potentiels clients, les chemins de fer espagnols Renfe, qui s’intéressent à l’axe Espagne-Lyon-Paris-Londres, et que le président de Getlink souhaite aider à se lancer.

« La Renfe finira par obtenir sa licence ferroviaire. Mais la difficulté numéro un, c’est le coût initial du matériel roulant », commente Jacques Gounon. Une Rosco – rolling stock company – loueur de matériel roulant, serait ainsi chargée d’acheter au constructeur allemand Siemens les rames pour 40 millions d’euros l’unité, avant de les louer à un opérateur.

Il n’est pas exclu que d’autres candidats puissent se manifester sur la destination Londres, mais ce ne sont encore à ce stade que des spéculations. On retiendra surtout cette grande faculté de la libéralisation qui est de pouvoir acheter des trains homologués chez qui on veut pour les louer à qui ont veut.

Auteur: Frédéric de Kemmeter