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Matériel roulant pour opérateurs alternatifs : le chemin de croix

Photo : Frédéric de Kemmeter

Le train de nuit d’European Sleeper est continuellement postposé. Il pose un problème plus général qui concerne tous les opérateurs : obtenir du matériel roulant.

Que c’est dur d’opérer des trains alternatifs en Belgique et en Europe. European Sleeper, le premier à proposer des services « non SNCB » au départ de la Belgique, a du postposer son projet plusieurs fois cette année. Le candidat dispose pourtant bel et bien de son sillon horaire, obtenu chez Infrabel.

Mais il semble très difficile de trouver de quoi satisfaire le marketing : les voitures et leur confort. Les voitures grandes lignes sont pourtant disponibles en grand nombre depuis que de nombreux trains ont été transformés en service à grande vitesse, cas de l’Allemagne, de la France et de l’Italie. ,

Mais il y a aussi des réalités à ne pas sous-estimer. En Allemagne et en Autriche, des sites officiels proposent de vendre l’ancien matériel roulant plutôt que de le mettre à la casse. Un véritable marché de l’occasion s’est installé dans ces pays. Ce n’est pas le cas en Belgique ou en France.

Des candidats qui y arrivent tout de même

Le marché de l’occasion allemand a permis ainsi à des entrepreneurs comme le tchèque RegioJet, le suédois Snälltåget ou encore Urlaub Express d’acquérir d’anciennes voitures de la Deutsche Bahn et former des trains pour lancer leurs opérations commerciales.

Dans le cas d’European Sleeper, une difficulté supplémentaire consiste à obtenir des voitures-lits. Il s’agit d’un matériel spécifique construit dans les années 60 à 70. Il y a certes bien eu dans les années 2000 de nouvelles voitures-lits dites Comfortline (type 173.1), mais toutes ces voitures furent rachetées par les ÖBB dans le cadre de leur réseau de train de nuit Nightjet, de sorte qu’il n’en existe pratiquement plus une seule sur le marché actuellement.

Quant aux 88 voitures-lits T2 qui circulaient jadis à la SNCF, quelques unes furent vendues dans des pays lointains quand d’autres furent tout simplement ferraillées.

En Suède, l’opérateur étatique SJ a pu se tourner vers… RDC Deutschland, pour son nouveau train de nuit Stockholm-Hambourg qui devrait démarré ses opérations en septembre prochain.

RDC est un propriétaire privé qui dispose d’un stock de voitures grandes lignes, dont les très recherchées voitures-lits. SJ fera appel à un autre opérateur privé, Hector Rail, pour tracter son train sur la section entre Malmö et Padborg, soit 4 heures de trajet en territoire danois, car les SJ n’ont pas les conducteurs agréés !

Le train sera composé de deux voitures à places assises, de deux voitures-couchettes pour 4-6 personnes, de deux voitures-lits pour 1-2 personnes et d’une voiture-lits pour 1-3 personnes. Les voitures-lits utilisées sont d’anciennes voitures-lits T2S transformées en type 32s aux ateliers d’Inzersdorf en Autriche. Les voitures-couchettes font partie d’une variété d’ancienne voitures de la Deutsche Bahn.

Un autre suédois, Snälltåget (groupe Transdev), a réussi à acquérir des voitures-couchettes allemandes lui permettant d’exploiter un train de nuit entre Stockholm et Berlin.

L’acquisition du matériel roulant sur le marché grande ligne souffre d’une incontestable insuffisance, due au fait que les constructeurs privilégient avant tout les trains automoteurs régionaux, un segment bien plus rémunérateur que le marché de niche de quelques opérateurs alternatifs.

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Auteur: Frédéric de Kemmeter