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La marque Thalys va disparaître pour fusionner avec Eurostar

Les opérateurs de trains à grande vitesse Eurostar et Thalys reprennent leur projet de fusion. La société fusionnée sera basée en Belgique et la marque Thalys disparaîtra à terme.

La fusion entre Thalys et Eurostar est relancée. Le holding fusionné sera basé à Bruxelles. La SNCF sera l’actionnaire majoritaire de ce holding tandis que la SNCB héritera de 18,5 % des parts. Cela a été confirmé par Sophie Dutordoir, la CEO de la SNCB lundi après-midi, à l’occasion de la venue du train ConnectingEurope Express à Bruxelles. Le processus de mise en commun des ressources doit prendre encore au moins deux ans.

Les deux entités de TGV internationaux majoritairement contrôlées par la SNCF continueront juridiquement à exister, mais sous un nouveau holding, détenu en majorité par SNCF Voyageurs (55,75 %) et ayant son siège social à Bruxelles. D’ici deux à trois ans, « Eurostar » deviendra la seule marque des trains à grande vitesse. Le résultat donnerait naissance à une compagnie de 1,6 milliard d’euros de chiffre d’affaires (1,1 milliard pour Thalys, 0,5 pour Eurostar) et de 18,5 millions de voyageurs transportés (11 millions d’un côté, 7,5 de l’autre), en tenant compte des chiffres de 2019.

Deux compagnies au même profil commercial

Eurostar est un service ferroviaire international à grande vitesse qui relie Londres à la France et à la Belgique. Les services ont commencé à être exploiter le 14 novembre 1994 entre la gare internationale de Londres Waterloo et la gare du Nord à Paris, ainsi que la gare du Midi à Bruxelles. Depuis 2010, Eurostar appartient à Eurostar International Limited (EIL), une société détenue conjointement par la SNCF (55%), la Caisse de dépôt et placement du Québec (CDPQ) (30%), Hermes Infrastructure (10%) et la SNCB (5%), dont le siège est à Londres.

De son côté, Thalys est un opérateur franco-belge de trains à grande vitesse construit à l’origine autour de la ligne à grande vitesse LGV Nord entre Paris et Bruxelles. Les services ont été lancés en juin 1996. Ensemble, les deux compagnies partagent le réseau à grande vitesse sur un espace européen de plus de 75 millions de citoyens entre Londres, Paris, Amsterdam et Cologne. Depuis quelques années, les deux compagnies semblaient avoir atteint un maximum et recherchaient de nouveaux marchés en croissance. Depuis avril 2018, Eurostar dessert Amsterdam sur le même trajet que Thalys.

La pandémie a évidemment interrompu la croissance des deux entreprises et Eurostar a même été proche de la faillite en mai 2021, avant d’être heureusement recapitalisée. Avec la diminution des restrictions sanitaires, le trafic a repris peu à peu sans atteindre toutefois les volumes de 2019.

Vers un nouveau paysage ferroviaire

Les grandes crises sont souvent l’occasion de reconsidérer les choses. Bien que le projet Green Speed ait mûrit avant la pandémie, le paysage ferroviaire pourrait être amené à changer dans les prochaines années. On le voit déjà avec l’arrivée de la SNCF en Espagne sous la marque Ouigo, on le voit aussi avec l’arrivée du Thello à grande vitesse sur la liaison Milan-Lyon-Paris. Il n’est pas impossible que la Deutsche Bahn formule des plans d’expansion à l’avenir. Tout cela procure une argumentation supplémentaire pour consolider les trains à grande vitesse dans le Benelux, le Nord de la France et l’Angleterre, une aire où la SNCF entend bien rester le leader.

Le parc de TGV devrait contenir environ 50 rames. On ne sait pas aujourd’hui si les rames Thalys seront remplacées à terme, car Thalys, à l’inverse d’Eurostar, n’a jamais passé de commande de nouveau matériel roulant. Les rames Eurostar e320 pourraient remplacer certaines rames Thalys qui commencent à vieillir, notamment les rames TGV-R (Réseau). D’un autre côté, les opérations de douanes, qui ont intégré le Brexit, resteront bien évidemment en vigueur pour le trafic vers la Grande-Bretagne. La billeterie sera bien évidemment aussi fusionnée, pour le bien des presque 20 millions de clients annuels que comptera la nouvelle entité.

Auteur: Frédéric de Kemmeter