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Prix de l’énergie : le cri d’alarme de l’Association française du Rail

Photo : Europorte

SNCF Réseau vient de confirmer aux opérateurs ferroviaires une hausse sans précédent de l’énergie. Insoutenable pour tous les acteurs du ferroviaire et inacceptable à l’heure de la transition énergétique

L’électricité, cette énergie « verte » qui est un des arguments phares du transport ferroviaire, est au coeur de toutes les craintes depuis quelques temps déjà. Les hausses de prix ont atteint des sommets et menacent la viabilité du fret ferroviaire, souvent non-subsidié.

Le gestionnaire français SNCF Réseau vient de confirmer aux opérateurs ferroviaires une hausse sans précédent de l’énergie. Le prix de l’énergie va quadrupler, passant de 111,95 euros du mégawatt-heure à 473,51 euros en 2023. On en était encore à 45 euros en 2019.

Mais la hausse de l’énergie concerne aussi les carburants fossiles. Le diesel est encore fortement utilisé dans le fret ferroviaire, tout particulièrement sur les embranchements industriels non électrifiés, mais pas seulement.

La flambée des prix de l’énergie risque de conduire des opérateurs de fret ferroviaire à mettre la clé sous la porte, alertait déjà Franck Tuffereau, le délégué général de l’Association française du rail. Et c’est surtout vrai pour ceux qui achètent leur électricité auprès de SNCF Réseau.

Une menace réelle

En effet, l’énergie peut représenter pour certains opérateurs ferroviaires jusqu’à 20 % des coûts, et toute hausse revient dès lors à les étrangler.

« C’est un pilier de la transition énergétique de notre pays qui est directement et gravement menacé, s’alarme Alexandre Gallo, président de l’Association Française du Rail (AFRA) et Président Directeur Général de DB Cargo France. « Malgré nos alertes répétées, le scénario le plus pessimiste se met en place et le gouvernement regarde ailleurs : tout l’équilibre économique du ferroviaire est fragilisé alors que le secteur routier est massivement aidé depuis des mois. Quelle absurdité pour la transition écologique et la qualité de l’air de voir des trains remplacés par 40 à 50 camions ! »

Côté fret, un report modal inversé va s’enclencher et des défaillances sont à craindre. « Cette hausse du prix de l’énergie est insoutenable pour tous les acteurs du ferroviaire, » dénonce Raphaël Doutrebente, Président de la commission Fret de l’AFRA et Président d’Europorte.

« Avec une énergie qui représentait déjà 20% des coûts, les opérateurs se retrouvent asphyxiés. L’abandon du secteur aujourd’hui, c’est le renoncement définitif à l’objectif du doublement de la part modale du fret ferroviaire d’ici à 2030. Les opérateurs avaient pourtant lancer la dynamique, avec une progression de la part modale de 9,6 % à 10,7 % entre 2020 et 2021. »

Côté voyageurs, l’équilibre économique du train est là aussi fragilisé. « C’est inacceptable à l’heure de la transition énergétique et une menace pour un développement historique du marché ferroviaire, » s’insurge Roberto Rinaudo, Président de la commission Voyageurs de l’AFRA et Président de Trenitalia France.

« Alors que les péages français sont déjà élevés par rapport à d’autres pays européens, ce prix de l’énergie est un nouveau boulet que va devoir traîner le rail français. » La Commission européenne a pourtant recommandé aux États membres de s’en tenir à un prix de 180 euros le mégawatt-heure, un dispositif que certains voisins de la France ont déjà mis en oeuvre.

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Auteur: Frédéric de Kemmeter