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Jean-Pierre Farandou, PDG de la SNCF, s'exprime devant la Commission des Finances le 12 avril 2023 (Capture d'écran, Assemblée nationale)

Taxer les autoroutes pour financer le train? Le PDG de la SNCF pense que oui.

Jean-Pierre Farandou, PDG de la SNCF, s'exprime devant la Commission des Finances le 12 avril 2023 (Capture d'écran, Assemblée nationale)

Pour financer le plan à 100 milliards d’euros, annoncé le mois dernier par la Première ministre française, Élisabeth Borne, Jean-Pierre Farandou, PDG de la SNCF insiste qu’il faut faire appel « à toutes les sources de financement accessibles. » Il propose même taxer les autoroutes et aéroports pour financer le train.

S’exprimant devant la Commission des Finances le 12 avril 2023, M. Farandou est le premier président de la SNCF à le faire depuis 2013. L’occasion? Échanger sur le “plan à 100 million” annoncé par le gouvernement en réponse au rapport du Conseil d’Orientation des Infrastructures (COI) publié le 24 février 2023. Ce plan met l’emphase sur le ferroviaire, promettant 100 milliards d’euros pour le rail d’ici 2040. “100 milliards d’euros c’est la somme qui a été investie en 40 ans pour doter notre pays de ce réseau de TGV que le monde entier nous envient. (…) Les 100 milliards dont nous parlons maintenant, c’est dans les 20 ans qu’il s’agit de les engager” dit Farandou.

Élisabeth Borne présente le plan pour une "France verte".
Élisabeth Borne présente le plan pour une « France verte ». Source: twitter @Elisabeth_Borne

Questions de financement

La question centrale du financement persiste cependant. Farandou qualifie le plan comme étant “financeable et réalisable” à condition d’utiliser “toutes les sources de financement présentes et futures.” En effet, bien que le chiffre d’affaires de la SNCF ait atteint 41,4 milliards d’euros en 2022, ce qui constitue un hausse de 20 pourcent par rapport à l’année précédente, la compagnie ne peut évidemment pas financer le plan a elle seule. De plus, Farandou considère l’endettement une “ligne rouge” à ne pas franchir. L’Etat, les collectivités territoriales, l’UE, doivent être au rendez-vous.

En plus des nouvelles fiscalités européennes autour des quotas carbone, » Farandou évoque aussi des taxes sur les types de transport qui ont un « impact plus négatif sur l’environnement ». Il cite en particulier « l’aérien, je pense aux poids lourds et on a aussi les autoroutes qui sont une source de financement importante. (…) Une partie de la manne autoroutière pourrait servir à financer le ferroviaire. » Il reste donc a voir si ces mesures moins traditionnelles seront mises en place par les différents partis.

Sous-financements identifiés

Des sous-financements ont en effet été identifiés par le rapport du COI en particulier par rapport à la régénération et modernisation du réseau ferroviaire. Farandou confirme que “Le plan a 100 milliard d’euros d’ici 2040 permettra d’abord à la France de rattraper son retard. On avait du retard dans la mise en état du réseau ferroviaire Français.”

En France, plus d’un tiers du réseau de lignes classiques, soit quelque 6,600 kilomètres de lignes, risquent d’être dégradées d’ici 2040, sans moyens supplémentaires. “L’âge moyen est de 30 ans en France, là où en Allemagne il est de 17 ans et en Suisse, qui est une référence européenne en matière de ferroviaire, il est de 15 ans,” démontre Farandou. Les moyens supplémentaires promis par l’Etat sont donc essentiels à la préservation du réseau français.

En plus de rattraper le retard, il faut aussi penser au futur: le déploiement du système ERTMS en continue à travers l’Union Européenne (UE), et la France va devoir consacrer 500 milliards par an pour “doter le réseau de commande centralisé,” prévient Farandou. L’extension du réseau et des services peut ensuite être adressée. Farandou mentionne spécifiquement la collaboration prévue entre la SNCF et Grand Paris Express, qui a pour but de créer les “RER métropolitains” et ainsi assurer la desserte d’une douzaine de centres-villes métropolitains “cadencés au quart-d’heure.” Il plaide cependant aussi pour “une unicité du réseau ferroviaire national, qu’il ne faut pas morceler par des initiatives locales. Il faut absolument préserver l’unité ferroviaire de notre réseau ferroviaire national.”

Balise ETCS Leuven - Mechelen (Photo- Infrabel)
Balise ETCS Leuven – Mechelen (Photo- Marc Sourbron / Infrabel / Danny Gys / Reporters)

Un contexte d’urgence écologique

L’investissement ferroviaire fait partie du plan “France Nation verte” pour atteindre les objectifs climatiques de Paris et le Green Deal européen : réduire les émissions de 55 % d’ici 2030. En effet, “le train est énergétiquement sobre,” explique Farandou: le TGV consomme 10 fois moins d’énergie que la voiture. Farandou fut ainsi invité “dans le contexte de l’urgence écologique,” explique la député NUPES, Mme Christine Arrighi. En effet, alors que le secteur des transports représente 31 pourcent des émissions en 2019, le train, qui représente 10 pourcent de la part modale Française, n’a émis que 0.3 pour cent des émissions de de gaz à effet de serre en France cette année-là.

“Le train est la solution pour répondre à la double exigence d’une mobilité accrue, et d’une transition climatique et énergétique accélérée, et sans renoncer ni à notre mieux-être, ni à la compétitivité de notre économie, ni à la bonne gestion de nos finances publiques,” insiste Farandou. Il qualifie d’ailleurs le ‘plan à 100 milliards’ de “vital pour les Français car il fait partie de la solution face aux problèmes climatiques, énergétiques, et territoriaux qui se posent dans notre pays.”

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Auteur: Emma Dailey