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Transférer le fret au rail ? Oui, si cela est une plus-value pour le chargeur

(Photo : CFF Cargo)

Une question rarement posée si on veut transférer du fret de la route au rail est de savoir si les flux logistiques des entreprises sont compatibles avec les usages parfois particuliers du rail.

Question incongrue ? Certainement pas. Cela fait plusieurs décennies qu’on tente de remplir davantage les trains plutôt que les camions. Le succès est mitigé, il faut le reconnaître.

Depuis des lustres, on semble s’être concentré uniquement sur l’idée de remplir les trains, sans poser la question pourtant essentielle : le rail convient-il bien aux flux logistiques ? Et pour quel type d’entreprises ?

La logistique, un élément de compétitivité

Pendant des années, les responsables logistique dans le secteur de l’industrie ont consacré toute leur énergie et leurs compétences à améliorer la gestion de leurs entrepôts et de leurs usines. Le transport était un maillon de la supply chain qui était peu maîtrisé et un peu négligé. L’achat de transport se résumait souvent à négocier des prix. Cela faisait la part belle au mieux disant, souvent le transport routier.

Les choses n’ont pas fondamentalement changé de nos jours, sauf peut-être sur un point. On semble enfin se rendre compte au sein des entrerpises qu’au contraire, le transport est un élément concurrentiel capital. On redonne ses lettres de noblesse à la logistique, laquelle peut apporter davantage de revenus si elle est bien calibrée. La logistique est un élément de compétitivité.

Comme l’expliquent François Combes et Patrick Niérat dans une étude de 2020, la préférence des consommateurs pour la rapidité, la disponibilité, voire l’immédiateté, a un rôle fondamental concernant la configuration des chaînes logistiques. Ces préférences, combinées au caractère souvent imprévisible de la demande, donnent une grande valeur aux modes de transport rapides, mais surtout fiables et flexibles pour les chargeurs.

Quel mode transport ?

On estime que les coûts de transport représentent un taux situé entre 7 % et 15 % du coût des produits livrés. Or deux possibilités s’offrent aux entreprises :

  • soit elles ont leur propre service de transport ;
  • soit elles optent pour l’externalisation.

La deuxième option est clairement la plus utilisée, mais elle est source de gros gaspillages, avec parfois des camions qui retournent à vide et qui ne sont rempli qu’à moitié.

Partenaire de l’entreprise

Le site Supply Chain info explique cependant qu’en étroite collaboration avec un transporteur, un industriel peut analyser précisément les coûts de transport, pour déceler les potentiels axes d’amélioration. Il pourra ensuite être pertinent de revoir le mode de facturation, d’optimiser les chargements, de mutualiser les livraisons, d’adapter le mode de transport en fonction du destinataire, etc.

Pour que cela fonctionne au mieux, les sociétés de transport ne sont plus de simples prestataires mais doivent s’intégrer au processus logistique de l’entreprise pour lui apporter la meilleure plus-value.

Or le rail est-il capable de telles missions ? Tout dépend. La gestion d’entrepôts n’a jamais été un métier de cheminot, mais de gens spécialisés. On le sait, le train n’a réussi qu’aux entreprises qui savent s’adapter aux rythmes (lents ?) du ferroviaire, comme la sidérurgie ou la chimie. La grande distribution, à contrario, est plutôt absente du mode ferroviaire, excepté sur quelques gros flux.

Des prestataires logistiques ont malgré tout réussi à construire des flux en n’utilisant que le train. Leur recettes : la maîtrise complète des entrepôts, du remplissage des wagons et de l’expédition jusqu’à la destination.

Ils sont trop peu nombreux sur ce créneau pour espérer un transfert massif de la route au rail…

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Auteur: Frédéric de Kemmeter